Après le déluge quasi continu de la veille, on se
dit que le samedi ne peut pas être pire sur le plan météorologique.
Et en effet, même si une averse a un peu gâché
le début d’après-midi, le temps fut relativement
clément avec de vrais morceaux de soleil dedans.
Les
débuts d'après midi étant toujours dédiés
aux jeunes talents sous le Dôme, c'est donc AS
Dragon qui ouvre les hostilités sur la scène
Bagatelle et ... sous la pluie.
La rumeur de leur prestation scénique les précède.
Le vent se lève. Le souffle du dragon sans doute. Les As
Dragon investissent tous les cinq vêtus de couleurs blanches,
tenues sages et estivales. On se croirait à Dinard. Natacha
y a jouté une sobre veste de velours noir. Des inquiétudes
pointent. Ce sont eux les sulfureux As Dragon ? Oui, aucun doute
quand au deuxième morceau Natacha tombe la veste pour se
montrer vêtue d’un ectoplasme de t-shirt sans manche
qui ne tarde pas à découvrir ses petits seins dont
les bouts sont masqués de sparadrap blanc en croix ce qui
les rend encore plus visibles.
Bien
évidemment, le T shirt volera bien vite dans les airs. Très
stoogien comme attitude et presque aussi sexy que le toujours très
en forme Iggy Pop dont d’ailleurs
Natacha, longue chatte nerveuse, a la morphologie et parfois même
le faciès. Sensuelle, brûlante, elle se cabre, s'étire,
enfourche le micro, se tord, danse, saute. "Front woman"
comme elle le reconnaît elle-même, elle aime la scène.
Après quelques mots pour Solidays ("Merci Solidays.J’espère
qu’ils vont ramasser plein de pognon"), ils nous dispenseront
même un "Frères Jacques"
a cappella.
Si le clavier et le guitariste ne semblent pas vraiment concernés
par l'évènement, se contentant de quelques sourires
et du minimum syndical dans leur prestation, ce n'est pas le cas
du bassiste (qui a remplacé depuis quelques temps déjà
Fred Jimenez occupé à
jouer et composer en compagnie de Jean Louis
Murat) ni du batteur qui semblent vraiment dans le spectacle.
Ce dernier tombera le maillot également pour quelques scènes
particulièrement torrides avec la chanteuse.
Quoi qu'il en soit les As Dragon défendent toujours aussi
bien leur premier album Spanked
(qui a déjà 1 an maintenant) fait d'un rock immédiat
et impulsif mélangé à des mélodies pops
percutantes.
Vivement la suite !
Mais
en attendant la suite, pas le temps de faiblir, on file à
l'opposé sur la grande scène Paris pour la prestation
de Luke.
Ce groupe est à Noir Désir
ce que le Canada dry est à l'alcool. Il en a le goût
et la couleur mais ce n'en est pas vraiment. Pourtant cette prestation
est plutôt de qualité, sans être fascinante et
le parterre devant la scène est bondé jusqu'au milieu
de l'hippodrome.
Le chanteur toujours aussi bien coiffé et vêtu d'un
t-shirt imitation "Star Wars" est assez crédible et même
avec un pied dans le plâtre, coincé sur une chaise,
le bassiste (qui est aussi celui de Eiffel)
fait de petites prouesses avec son instrument. La puissance sonore
de la scène aidant ce concert très rock s'avère
donc une bonne surprise d'un groupe que l'on attendait vraiment
au tournant et qui s'en sort plutôt bien.
Quelques gouttes de pluie plus tard et une interview de Cali
au passage, il faudra se partager entre la pop légère
et guillerette de La Grande Sophie sur la scène Bagatelle
et la chanson réaliste française teintée de
rock des Hurlements d'Léo sous le Dôme.
Arrivé un peu tard pour les Hurlements
d'Léo, cela nous prive de quelques photos ; néanmoins
leur musique remue la foule venue nombreuse et semble-t-il en connaisseur
si l'on en croit le nombre de personnes qui voltigent joyeusement
au dessus des autres pendant le concert en hurlant (ça tombe
bien) les paroles à tue tête.
Conférence
de presse des Hurlements d'Léo >>>
La Grande Sophie, originaire de Marseille,
en robe courte et collants blancs ressemble à une grande
gigue comme dirait ma grand-mère. Flanquée de sa guitare
acoustique elle nous égrène des ballades pour veillée
de scout avec discours à l’appui "Cette chanson
est pour vous". Elle cause aussi et nous raconte sa petite
histoire extraordinaire qui la fait encore transpirer là
: celle du concert des Pretenders où
elle a récupéré le médiator que Chrissie
Hynde a lancé dans la salle. Que c’est émouvant
!
A 17 heures,
moment de trêve musicale pour la cérémonie commémorative
en hommage aux personnes décédées du sida.
"Patchwork".
Une
minute de silence plus tard, la fête reprend ses droits pour
l'arrivée des québécois des Cowboys
Fringants.
Un groupe qui semble assez peu connu de ce côté ci
de la langue de Molière mais qui pourtant rassemble un impressionnant
groupe de fans venus avec leur chevaux de bois et leur t-shirt à
l'effigie du groupe.
Les Cowboys Fringants c'est une certaine idée du Québec.
Ils affichent leurs idées souverainistes dans leurs chansons
mais aussi leurs idées sociales et de façon générale
dénoncent dans des chansons les travers de leur pays.
Que
l'on ne s'y trompe pas pour autant, les textes contestataires des
cowboys n'empêchent pas la musique et les paroles d'être
joyeuses et drôles. Aussi, c'est sur un mélange de
folk québécois et de rock bien senti (on les compare
souvent à Louise Attaque ou mieux
encore au Pogues) que 1 heure durant
ils vont réjouir leurs fans français.
Aussitôt le concert terminé un autre problème
se pose, qui de Dolly (que nous avons rencontré un peu plus
tôt dans l'après midi) ou de Cali allons nous sacrifier
pour voir l'autre...
Aucun en s'organisant bien ! Aussi nous filons à Bagatelle
voir Dolly défendre son nouvel album Tous des Stars avec
ce quatrième concert seulement de la nouvelle tournée.
Rôdée dans les clubs et cafés concerts de France,
Dolly la rockeuse de talent maîtrise
la scène et, après une longue tournée, s’est
tranformée en 2004, au terme d’une lente mais inexorable
évolution, avec son dernier album, Tous
des stars produit par Clive Martin,
en fée électro-pop-rock explosive.
L’intro galactienne électro, la main magique de Nicolas
au-dessus d’un tube métallique, donne le ton et déconcerte
un peu le public. Mais ce dernier retrouve vite la voix toujours
sensuelle d’Emmanuelle et l’énergie
du groupe.
Déjà bien rodés, les titres s'enchaînent
efficacement, mêlant les chansons du nouvel album avec les
désormais classiques "Partir seule"
ou "Je ne veux pas rester sage".
Un très bon concert de rock qui se teinte avec bonheur d’électro,
à revoir avec plaisir en dehors du cadre d'un festival.
Conférence
de presse de Dolly >>>
Pendant ce temps, Cali mêle aux
titres de son premier album, datant désormais d'un an, quelques
inédits. Nous l’avions découvert au concert
promotion au Café de la Danse en juillet 2003 et son titre
"C’est quand le bonheur ?"
avait inondé les ondes. Après des années de
travail et une tournée marathon, il est devenu une valeur
sûre de la scène musicale française.
Toujours accompagné de son groupe (guitare, basse, batterie,
clavier et violon) il est totalement libéré de toute
pression et se laisse largement aller. Il mime, crie, joue avec
le public qui le lui rend bien !
Heureux d'être là il nous offre même un petit
meddley façon "Rockcollection"
pendant lequel il fait chanter au public quelques refrains bien
sentis au rang desquels on reconnaitra "No
woman, No cry" par exemple. Comme le fait Jean
Louis Murat, Cali s'extériorise totalement sur scène
et donne à ses chansons une seconde vie beaucoup plus rock
'n' roll que sur disque pour notre grand plaisir.
Conférence
de presse de Cali >>>
Allez
hop ! tant que nos jambes ont la force de nous porter nous allons
rejoindre à nouveau la scène Paris pour un des événements
du festival en la personne de Cesaria Evora,
diva de la saudad, la soul musique du Cap Vert.
Un moment de silence accueille son entrée. Et de diva elle
en a tout l'air dans sa robe colorée et brodée, parée
de multiples bijoux. Son grand sourire illumine le festival et un
public massé devant la scène.
L'âge (un peu mystérieux) de la dame n'entame en rien
sa voix et tous les classiques seront passés en revue durant
cette petite heure (de "Saudad"
à "Besame mucho").
Ensuite c'est au tour de Sinclair et
de Sanseverino d'investir respectivement
Bagatelle et le Dôme. L'un refuse les photos, l'autre n'accepte
que celles des agences et de la presse écrite. Tant mieux,
leur préférence pour la presse people nous procure
du repos.
Pendant ce temps sur la grande scène, une immense et étrange
guitare rose prend forme au fond de la scène. Le show de
Mathieu Chedid, alias -M-, se prépare.
L'ensemble des festivaliers est à nouveau devant la scène
et déjà les premiers évanouissements de fans
se produisent alors même que le concert n'a pas encore commencé...
Pour
le concert de -M-, tête d’affiche
de ce samedi, ce sont des hordes de jeunes qui s’avancent
vers la grande scène Paris.
Il faut cependant préciser qu’il bénéficie
d’une circonstance favorable : c’est le seul concert
du créneau horaire…un hasard ?
Le gonflement de la guitare couleur malabar percée d’un
cœur et dont le manche est semée d’étoiles
dorées déchaîne la foule. Elle en reste coite
quand au lieu de l’entrée sur scène de -M- se
déclenche sur l’écran géant une série
de spots publicitaires en faveur du port de préservatif.
Tout a une fin, et les musiciens accèdent à la scène
par le cœur de la guitare, le bassiste en costume noir, le
guitariste en costume de cow boy, le batteur en chechia.
Sous les hurlements des fans, et devant sans doute 40 000 personnes,
sous la musique de "Mon ego",
-M- débarque du ventre de la fameuse guitare rose dans sa
tenue de scène tel une chauve souris en redingote noire bordée
d’or et chaussures blanches, mi dracula de cartoon et hibou
réveillé en plein jour, son célèbre
M capillaire et sa Rickenbacker en bandoulière.
-M-, on aime ou on aime pas mais il faut reconnaître que
en live ça déménage sévère et
ses musiciens (Sébastien Martel
et son look cowboy en tête) sont vraiment très bons.
Bien que le set soit limité à 1heure 30 (au lieu des
2heures 30 de son show habituel mais quand même un peu plus
long que les autres concerts du festival limités à
1 heure) -M- offre un très beau concert avec tous les ingrédients
habituels (et parfois un peu trop pour qui a déjà
vu un de ses concerts) consistant non seulement à jouer ses
titres mais aussi à faire jouer et chanter le public.
Sous les abondants jeux de lumière –M- saute, gesticule,
fait son show. Car c’est davantage un show qu’un concert.
Il joue du piano debout, ou d’une guitare en forme de d’allumette
enflammée qui tient pendue aux cintres, joue de la batterie,
danse un sirtaki reggae avec quelques jeunes invités à
monter sur scène, invite un anonyme à jouer de la
guitare sur scène, chante entre deux mecs pris en sandwich
dans deux guitares roses en carton.
Il n’oublie pas l’intermède solidarité
: "Je vais vous demander quelque chose d’impossible mais
en même temps c’est plein d’espoir. Que je sente
les ondes du festival. Pensons à ces gens qui en chient pendant
que l’on s’amuse sans être larmoyant mais solidaire".
Après le rappel et l’intervention d’Antoine
de Caunes, -M- met à exécution ce dont il avait parlé
à la conférence de presse : interpréter une
chanson avec plein de bénévoles sur scène.
Le président de Solidarité Sida et les bénévoles
envahissent la scène pour remercier tout le monde et en guise
de cadeau, -M- chante "Le radeau"
avec tous les bénévoles présents. Beau clin
d'oeil à l'esprit de solidarité de ce festival et
joli cadeau au public toujours très nombreux malgré
l'heure tardive et la météo peu accueillante.
Conférence
de presse de M >>>
Les rythmes latinos de Sergent Garcia
retentissent dans la nuit devant un public nombreux.
Pendant ce temps, de nombreux curieux ont opté pour un outsider
les Bikini Machine qui deviendront le
coup de coeur du festival. Ils ont le privilège de clôturer
la soirée sous le dôme (avant David Guetta et ses platines)
et ce sera une clôture délirante.
Des mecs look vintage des années 60, de noir vêtu,
des blues brothers sous acide, des fun loving criminals sous ectasy,
aux allures d'étudiants américains de vieux film de
série B jouent un rock qui va chercher ses racines dans les
60's teinté d'électro très énergique.
On se croit en plein "Happy days", il ne manque que Fonzy
dans la foule en train de faire ses roucoulades. Le public présent
(assez nombreux finalement) sous le Dôme ne s'y trompe pas
et leur fait une véritable ovation passé l'effet de
surprise.
Les musiciens acharnés, multi-instrumentistes, maîtrisent
la scène et le son : rock, électro, crooner, ça
cogne, ça swingue, ça vrombit, ça dépote.
C'est géant !
Un groupe français totalement atypique à découvrir
absolument.
La nuit ne faisait que commencer pour certains puisque David
Guetta, le roi de la nuit, était en pleine action
jusqu'à tôt le matin tandis que sur l'écran
géant était diffusé la nuit du zapping ...
Amis de l'humidité, bonne nuit !
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