Comédie dramatique écrite et mise en scène par Yann Reuzeau, avec Walter Hotton, Didier Mérigou, Sophie Vonlanthen, Leïla Moguez, Emmanuel de Sablet, Manga Ndjomo, Mitch Hooper et Raphaël d'Olce.
A quelques mois de l’échéance électorale suprême, dans un pays qui pourrait bien être la France, mais toute ressemblance avec des faits ou des personnes réels ne seraient que pure coïncidence, où règne un bipartisme structurel avec le trublion-épouvantail de l’extrême droite, les dés sont jetés.
La réélection de la présidente sortante qui jouit d’une forte popularité malgré quelques critiques virulentes quant à sa politique, une politique de droite ultra-libérale, est assurée et les autres candidats exténués par la bataille des primaires ne nourrissent plus guère d’illusions.
Notamment la candidate de l’Union d'une gauche molle, couteau de second ordre résignée à jouer la kamikaze en contrepartie d’un ultérieur et hypothétique renvoi d’ascenseur face au désistement des têtes de liste qui s’épargnent ainsi une déculottée annoncée.
Quand intervient un événement qui bouscule les pièces de l’échiquier politique, la mort accidentelle de la présidente. Dans ce contexte, elle fait l’effet d’une bombe à déflagration qui va générer le chaos. Car les héros sont fatigués.
Après "La petite phrase" et "Fratricide", "Chute d’une nation 3 - Le chaos", troisième épisode de la saga de politique-fiction écrite et mise en scène par Yann Reuzeau, dont chaque épisode est toutefois conçu pour pouvoir être vu isolément, entraîne le spectateur dans le maelstrom des luttes et des tractations électoralistes, fort éloignées de la guerre des idées et du bien citoyen, qui met également à l’épreuve les hommes et les femmes dans leur vie intime et leur questionnement personnel.
Yann Reuzeau continue son décryptage du réalité-show politique avec toujours autant de sagacité s'attachant, plus particulièrement en l'occurrence, à explorer les motivations profondes des protagonistes, tout en révélant leurs failles, leurs faiblesses et leur fragilité. La mise en scène résolument cinétique impulse un rythme soutenu qui sied aux scènes courtes qui pointent sur l'essentiel et visent à l'efficacité percutante et à une intrigue nourrie de rebondissements et placée sous le signe du suspense.
La distribution est judicieuse et tous les comédiens justes dans des personnages au caractère archétypal nettement défini qui fonctionnent en binômes souvent antagonistes propice à l'action théâtrale et aux coups de théâtre : la politicienne ambitieuse et sans scrupules (Manga N'Djomo) et le député intègre et idéaliste (Walter Hotton), le ministre sortant aux abois (Mitch Hooper) et l'homme d'affaires lobbyique (Emmanuel De Sablet), l'assistante passionnaria (Sophie Vonlanthen) et le journaliste coincé entre ses convictions et les nécessaires compromissions (Raphaël D'Olce) et le staff électoral passé à la moulinette bipolaire (Didier Mérigou et Leïla Moguez).
Donc, un spectacle, de surcroît non dénué d'humour distancié, bien évidemment réussi et enthousiasmant. |