Autant écarter de suite les blagues éculées sur l’absence de "H" dans le patronyme du groupe et les confusions faciles avec notre Jojo national… Rien de tout cela ici. Jonny n’est rien d’autre que le projet parallèle de deux leaders d’importance sur la scène Pop de ces vingt dernières années : d’un côté Norman Blake (échappé de son Teenage Fanclub), de l’autre Euros Childs (ex-Gorky’s Zygotic Mynci).
Le cocktail peut paraître explosif entre la pop soignée des premiers et le psychédélisme affiché des seconds (sans parler de la rivalité Ecosse / Pays de Galle). Pourtant, à y regarder de plus près, les deux groupes partagent la même spontanéité dans l’écriture de pop songs harmonieuses.
Le résultat est à l’image de la pochette de l’album : frais, sans prétention ni ambition particulière, à part de se faire (et nous faire) plaisir entre vieux copains de tournées ayant un peu de temps libre.
Comme dans la célèbre enseigne parisienne, on trouve un peu de tout chez Jonny : du Beatles, du Byrds, du Beach Boys… et le jeu des ressemblances s’applique quasiment à l’ensemble des titres. L’album se présente du coup comme un condensé de mélodies immédiates balayant les 60’s et les 70’s, avec des styles bien marqués. Pas de surprise, on est en terre (très) connue, et c’est en toute confiance et délectation que l’on se plonge dans ces mélodies confortables et acidulées. Les textes sont à l’avenant, simples et légers (le minimaliste "Wich is Wich" en est l’exemple le plus frappant !).
Après une introduction outrageusement pompée sur le "Venus" de Shocking Blue, "Candyfloss" nous ramène sur les terres remuantes et oubliées des Inspiral Carpets. Puis c’est les Beatles qui s’invitent à la fête sur un "Waiting Around For You" débordant d’orgue.
Le printanier "Circling the Sun", quant à lui, sent bon le soleil et l’insouciance et donne envie de s’enivrer d’air pur au sortir de l’hiver, avec ses "papapa" guillerets. De quoi être déstabilisé par l’électron libre "Cave Dance" qui réveille soudain notre curiosité : après un début des plus classiques, l’auditeur se fait soudain happer vers des sphères beaucoup plus électroniques et barrées qui s’étirent sur un final psychédélique d’une dizaine de minutes.
Les derniers titres sont plus paisibles, entre ballade charmante ("I Want to Be Around You" que n’aurait pas reniée Badly Drawn Boy, période The Hour of Bewilderbeast) et berceuse qui fleure bon le briquet (ou le portable, selon les âges) tendu de fin de concert ("Never Alone", rien à voir avec l’hymne Liverpudlien).
Vous l’aurez compris, Jonny ne se prend pas au sérieux (ni la tête) et c’est bien cela qu’on apprécie chez eux. Quand on sait que l’écriture et les enregistrements se sont faits à grande vitesse, on attend avec impatience le prochain trou commun dans leurs emplois du temps ! |