Le quatrième album des canadiens de Wintersleep est une déception. Non pas que l'on attendait quoi que ce soit du quintet (quoique l'on aurait pu : ces garçons ont remporté en 2008 un Juno Award, ce qui les désignait, au Canada, comme le meilleur "meilleur nouveau groupe" au moment de la sortie de leur troisième album, Welcome to the Night Sky). Non pas que l'album soit particulièrement mauvais, non plus. Mais il a le défaut, rare et définitif, de commencer trop bien.
"Experience the jewel", 4'37 d'un rock-pop de haut-vol, où la voix de Paul Murphy promet des beautés que celle de Paul Banks a cessé de pouvoir faire espérer depuis plusieurs albums. Arrangements complexes et efficacité d'une écriture concise, efficace, parfaite d'équilibre, entre le vide d'une interrogation et la fureur d'une exclamation. It's bigger than you, tout est résumé. Le plus grands noms du genre n'auraient pas fait mieux, sincèrement (Radiohead, Interpol, Editors...). C'est chaloupé, dense, mystérieux, narratif, électrique. L'une de ces pépites, radiophoniques peut-être, comme le marché du disque n'en laisse pas souvent s'échapper.
Mais l'album semble, tristement, s'arrêter là et il est clair que Wintersleep a placé sa propre barre trop haut. Pour le reste, en effet, le groupe en reste au niveau des figurants de festival, des premières parties que l'on apprécie aussi vite que l'on oublie d'en acheter les disques. De bons passages, une énergie louable, des arrangements souvent intelligents, habillages adaptés à une écriture appliquée.
Bons élèves, les gars de Wintersleep laissent tout de même quelques fautes (de goût ?) le long de leur copie – les choses se gâtent même à vrai dire à partir de la cinquième piste ("Black Camera"), avec un enchaînement de titres indigestes et passablement clichés. On en désespèrerait si "Baltic", en conclusion de l'album, ne relevait un peu le niveau.
Passable, au total. |