Comédie dramatique écrite et mise en scène par Olivier Py, avec John Arnold, Bruno Blairet, Scali Delpeyrat, Philippe Girard, Elizabeth Mazev, Jean-Marie Winling
et le Quatuor Léonis.
Pour "Adagio - Mitterrand, le secret et la mort", dont le personnage principal est le président de la 5ème République de 1981 à 1994, Olivier Py annonce avoir voulu écrire une fiction qui respecte la vérité historique .
Et tout le problème de ce spectacle, et de la déception qu'il suscite, découle sans doute de cette hybridation périlleuse
entre faux dialogues et textes originaux et du moyen terme ou des contradictions qui y président.
Ainsi par exemple,
Olivier Py précise qu'il ne veut pas de l'illusion mimétique et cependant tout y concoure, du grimage à l'imitation de la voix et des mimiques du comédien qui interprète le rôle titre, pour tendre vers un rôle de composition ressortissant de l'actor's studio.
Et de plus, il se débat dans un décor pesant de Pierre-André Wietz qui syncrétise simultanément l'arche de la Défense, les marches du Panthéonu avec un escalier raide digne d'une revue de music hall, ce qui implique une circulation verticale aussi artificielle que malaisée, compte tenu de l'étroitesse du giron,
et le mur de livres pour évoquer la BNF, sans oublier les vilains décors de carton pâte qui défilent sur un plateau tournant en fond de scène.
Il est malaisé pour le spectateur de comprendre les partis-pris théâtraux qui ont amené à privilégier certains événements et évoquer de manière sélective tels personnages, qui ne sont d'ailleurs que
des silhouettes ou des pantins, histrionniques ou sans consistance, mais toujours caricaturaux et parfois ridicules, en passant sous silence tels autres.
Certes, il évite l'écueil tant de l'hagiographie que du réquisitoire mais en conséquence toute aspérité dramaturgique est gommée.
En fait, peut-être faut-il aborder ce spectacle comme un memento mori par lequel Olivier Py concrétise sa fascination pour la mort, et l'angoisse métaphysique et mystique qu'elle génère, à partir des réflexions d'un homme intelligent dont l'agonie particulièrement longue lui aura permis non seulement d'oeuvrer pour sa postérité et bâtir sa légende afin de graver son nom dans l'Histoire, mais également de nourrir ses méditations.
François Mitterand voulait être pape ou président. Il aurait peut-être mieux fait de poursuivre, après des études de théologie, dans la voie ecclésiastique. Mais Dieu en a décidé autrement. Et il lui faudra non seulement attendre d'être sexagénaire pour accéder à l'investiture suprême mais d'apprendre juste après son élection qu'il est atteint d'un cancer.
Or, cette mort annoncée ne remet en question pas en question son investiture. Ce qui est humain et peut se comprendre de la part d'un homme politique ministre à onze reprises sous la 4ème République, candidat malheureux aux présidentielles de 1965 et 1974, et qui donc, depuis 1946, a rongé son frein. En revanche, sa deuxième candidature atteste plus que d'une grandeur d'âme d'une mégalomanie irraisonnée.
Restent les textes choisis par Olivier Py auxquels la maîtrise du lyrisme que possède Philippe Girard, comédien à la technique imparable, qui tient la scène sans discontinuer pendant les plus de deux heures que dure le spectacle, apporte un souffle vibrant et grandiose. Ce qui se serait sans doute suffit à lui-même. |