Texte de Grisélidis Réal, mis en scène et dit par Clotilde Ramondou, avec Florent Baffi, Florent Cheippe, Antoine David, Patrick Gufflet, Christophe Gutton, Émilien Hamel, Mehdi Idir, Lionel Mendousse, Victor De Oliveira, Pascal Omhovère et Michel Ouimet sous la direction musicale de Jean-Christophe Marti.
"Clients" est le mot qu'elle avait porté sur son petit carnet noir, son "Carnet de bal d'une courtisane". Elle, c'est Grisélidis Réal, putain populaire, catin révolutionnaire, prostituée activiste des années 70 et écrivain.
Ce carnet de bal qui tient du carnet de compte, du répertoire des clients, de la recension des tarifs, de aide-mémoire professionnel des goûts et pratiques et du témoignage sociologique, elle l'appelait sa bible et son outil de vengeance : "Moi, ça me venge. Quand j’ai le moral à zéro, je relis mon petit carnet noir et je ris toute seule". Et pourtant écrivait-elle également : "Je sais que tous ces hommes que j’ai connus, je les ai aimés, ils me manquent"
Clotilde Ramondou a choisi de porter à la scène la version intégrale d'un carnet couvrant une période de vingt années, qui consiste donc en une longue énumération, sans faire ni dans l'anecdotique ni dans l'illustration au plan scénographique, ni dans l'incarnation au plan du jeu.
Procédant à un séquençage tripartite de cet inventaire humain qui est scandé par des lieds de Schubert, interprétés de manière remarquable par douze comédiens et des chanteurs sous la direction musicale de Jean-Christophe Marti, à ce coeur de femme répond alors un choeur d'hommes qui se forme par apparition, émergeant de la nuit du passé et qui va porter la femme, au début recroquevillé dans un coin de scène obscur, sous les pleins feux d'une cérémonie d'adieu.
Clotilde Ramondou dit le texte, lit ces fiches aux portraits lapidaires, d'une voix claire sans changer de note. Un plateau nu, un texte et des chants, une femme et des hommes. Pour indique-t-elle, "un théâtre des absents et des réelles présences" qui atteint une grande et belle dimension sensible. |