Réalisé
par Eric Valette. France. 2011.
Action, thriller, policier. Avec Albert Dupontel, Alice Taglioni et Sergi López.
Un type ordinaire se retrouve pris dans une série d'engrenages qui l'oblige à sauver sa peau et celle de sa femme. Un véritable enfer mené à un rythme cauchemardesque, avec des scènes d'actions irréprochables et des courses-poursuites à couper le souffle qui scotchent le spectateur à son siège. Un film sous adrénaline pure mis en valeur par un casting efficace et charismatique sans pour autant plagier le cinéma américain (qui en fera probablement un remake). Le cinéma de genre à enfin un avenir en France...
En fait, dans les lignes précédentes je parle du film A bout portant de Fred Cavayé qui sort en DVD ces jours-ci. Malheureusement, j'aurais aimé pouvoir dire la même chose de La Proie, le nouveau film d'Eric Valette. Le film parle d'un braqueur au grand cœur qui est victime d'une machination. Il s’évade donc de prison pour traquer son ancien codétenu, qui a entrepris de lui coller ses crimes sur le dos.
Les situations sont ultra-clichées avec une avalanche de personnages caricaturaux. On trouve donc un héros qui, malgré le fait qu'il soit un braqueur de banque, reste un papa aimant, un mari romantique et un homme avec principes et code d'honneur. On a droit à des vilains gardiens de prison véreux et lâches. Dans le même décor carcéral, on trouve aussi des mafieux russes très très méchants. Pour les policiers, on a droit à la jolie flic qui, malgré des preuves accablantes, reste convaincue de l'innocence du gentil (probablement l'instinct féminin). On a aussi droit à l'ex flic qui a toujours su qui était le vrai méchant, mais comme il n'a jamais pu le prouver, il s'est fait virer de la police. Il continuera malgré tout à rassembler des preuves en mémoire de sa famille disparue (une bonne couche de pathos...). Comme il faut des minorités, on a droit à un cumul des fonctions avec un flic noir et homo (l'acteur joue les gays comme dans les mauvais sketchs des années 80). Je finirai ma liste non exhaustive par le méchant pédophile/tueur en série habillé avec des mocassins à gland, un sac banane, des petits polos, un pull pastel noué sur les épaules et un pantalon qui remonte au-dessus du nombril...
Stéphane Debac est horriblement mauvais dans la rôle du tueur en série. Je ne sais pas si c'est une erreur de casting (probable), s'il a été très mal dirigé (c'est certain) ou s'il est tout bêtement nul... Mais on dirait une caricature d'un sketch de Jonathan Lambert (sauf que Lambert est drôle et très bon dans ce qu'il fait). Le scénario essaie de nous faire croire qu'il est une victime, qu'il est innocent des crimes dont on l'accuse, mais au bout de 15 secondes, tu devines qu'il est vraiment un tueur et qu'il va le faire à l'envers au héros. Du coup quand le twist scénaristique arrive, tu te fais un peu chier car tu l'avais deviné 20 minutes auparavant.
Des scènes d'actions rythmées et assez bien montées sont présentes, mais il y en a trop ! C'est abusé comme c'est gros et pas réaliste pour 2 centimes d'euros. Le personnage de Dupontel se retrouve dans une bagarre où il doit lutter contre 3 mafieux baraqués et armés + un maton. Il arrive à les battre en n'étant que légèrement blessé (Dupontel est une masse, mais faut pas déconner quand même !). Il arrive à s'échapper de prison et enchaîne les cascades à la Yamakasi. Il saute sur un train en marche, se prend une voiture, passe à travers une fenêtre et tombe de plusieurs étages, se prend une balle... Tout cela lui arrive à un rythme effréné et cela ne le fait presque pas ralentir. Même Jack Bower dans 24 prend une pause après s'être pris un coup dans la gueule ! Je ne parlerai pas d'une des scènes de fin où Dupontel est suspendu dans le vide. Il ne se maintient qu'à la force des bras, alors qu'il est blessé de tous les cotés et a une balle dans le corps. Pourtant, il ne lâche pas (et dire que moi, je n'arrive pas à faire plus d'une traction...)
!
C'est dommage car Albert Dupontel est un bon acteur (et un bon réalisateur si on oublie son dernier film). Il a un physique et une gueule. Il pourrait vraiment être (et a déjà été) exploité de manière excellente dans des films de ce genre. Mais ici, ce n'est pas le cas. Il n'y a pas que des défauts... La mise en scène n'est pas si mauvaise, visuellement c'est efficace. On sent à travers le montage hyper speed qu'on a essayé de refaire ce que font les américains dans les blockbuster d'action, mais c'est fait sans originalité. C'est du mauvais recyclage.
Si on devait résumer ce film en deux mots, ce serait : lourd et invraisemblable ! Il n'y a aucune profondeur, aucune subtilité. C'est encore une tentative ratée d'un réalisateur français qui veut s'essayer au film de genre. On ne peut même pas dire que le scénario manque de finesse, car passé un certain niveau, je crois qu'on peut affirmer que quelques rares passages (2 ou 3, tout au plus) échappent de justesse à une lourdeur totale et écrasante (je ne parle évidement pas des deux dernières minutes qui remportent la palme de la fin de film la plus cheap et lourdingue et pataude de tous les temps)... N'est pas Fred Cavayé qui veut !
Alors pour finir sur une note positive, je vous conseillerais d'aller voir le film si vous avez une carte UGC, car dans les 20 premières minutes, on peut apercevoir plusieurs fois Olive Simon qui fait de la figuration en tant que prisonnier. Olive Simon qui était un des deux flics (avec Tom Novembre) à la fin de la saison 1 de NerdZ (et qui était aussi le réalisateur de l'émission Mange mon Geek). Une fois que les scènes de prison sont passées, vous pouvez partir ! |