Avec "Quand souffle le vent du Nord", Daniel Glattauer avait signé un joli et pertinent opus qui empruntait à la technologie numérique, un amour virtuel entre internautes, et à la tradition du roman sentimental.
A la suite d'une erreur d'adressage, Emmi bien mariée avec un de ses anciens professeurs, pianiste concertiste affublé de deux enfants charmants, et Léo, célibataire involontaire en état de vacance amoureuse, étaient tombés amoureux par mails interposés.
Après avoir exploré la carte du Tendre, tout concourrait à un happy end de l'idylle scripturale mais une tentative de rencontre avortée et la pitoyable et pathétique supplique du mari ayant découvert le pot aux mails adressée à l'amant de papier en sonnèrent le glas, ce dernier, ne voulant pas être briseur de ménages, se retirant chevaleresquement au nom de la morale et de protection de la famille.
Daniel Glattauer fait reprendre du service textuel à ses deux tourtereaux dans "La septième vague" ce qui constitue une réelle prise de risque tant le premier opus présentait crédibilité et cohérence.
En effet, quel que soit l'artifice de rabibochage des deux destins séparés, l'alternative est largement prévisible : s'étant déjà entr'aperçus, les protagonistes ne peuvent que vouloir dépasser le stade du platonique.
Alors bien sûr certains lecteurs auraient peut-être apprécié l'histoire d'un amour absolu uniquement épistolaire. Mais ce n'est guère dans les moeurs du temps et le mail de l'internaute du 21ème siècle ne peut guère rivaliser avec la plume du 17ème siècle, à la manière de celle de Madame de La Fayette, seule capable de transcender une telle conception de l'amour.
L'issue de la rencontre "pour de vrai" n'appelle guère le moyen terme : c'est soit la déception soit la passion et, dans les deux cas, très rapidement "the end" s'affiche sur l'écran plasma. Pas de quoi en faire un roman.
Et bien si. Daniel Glattauer relève le défi avec cette métaphore de la septième vague qui est censée être celle qui peut tout balayer sur son passage. Force est de constater qu'au début, l'affaire n'est pas gagnée car face à Emmi, dont le couple bat de l'aile, qui a pris l'initiative de re-monter au filet, Léo vient juste de s'engager dans une nouvelle relation.
Mais dès le deuxième jour de correspondance, ils conviennent d'un rendez-vous. Alors déception ou passion ? Passion bien évidemment, et l'indiquer n'est pas dévoiler l'intrigue, puisque la réponse est connue dès la page 50. Et alors ?
Alors, l'auteur use l'outil technologique jusqu'à la corde et réussit à noircir 300 autres pages de messages relatant une laborieuse et shadokienne valse-hésitation, menée tour à tour par chacun des deux personnages dont les doutes et les enthousiasmes ne sont jamais en phase et, qui par ailleurs, affichent une prédilection commune pour les circonvolutions scripturales, c'est-à-dire couper les cheveux en quatre et inventer des problèmes.
La matière s'épuise à l'affiche de l'échéance des 350 pages et aboutit à un dénouement expéditif qui ne laisse pas espérer (ou craindre selon les avis) un troisième tome. Quoi que... |