Epopée poétique reconstituée par Vuk Stefan Karadžić, mise en scène de Nathalie Hamel, avec Roger Bellity, Jean-Luc Bouzid, Laurent Brusset, Jelica Bukvić, Jonathan Chaboissier, Nathalie Hamel, Alain Michel, Tania Panić, Jean-Dominique Peltier, Slobodan Slavković, Eric Veiga et Leman Yildirim.
Nathalie Hamel, fondatrice de la Compagnie de La Pléiade et férue de textes médiévaux, tant poétiques que dramatiques, comportant notamment une dimension spirituelle en rapport avec la foi et la liberté de culte, a adapté pour la scène "La Bataille de Kosovo" transcrite au 19ème siècle par Vuk Stefan Karadžić, le réformateur de la langue littéraire serbe, à partir de la compilation des poèmes originaux anonymes transmis par tradition orale.
Ce long champ épique et élégiaque, qui constitue l'un des fondamentaux de la mythologie nationaliste serbe, raconte la bataille éponyme, qui, au 14ème siècle, a vu l'écrasement de la coalition chrétienne des Balkans, comprenant la Serbie, la Bosnie et l'Albanie, face à l'envahisseur musulman ottoman, et célèbre tant le courage dans la défaite que la foi du dernier prince de Serbie, qui fut canonisé par l'Eglise orthodoxe, et de ses chevaliers.
Bien évidemment, Nathalie Hamel n'a pas reconstitué la bataille en cinémascope dans la petite salle du Théâtre du Nord-Ouest mais elle s'est attachée à faire entendre un texte dont la beauté et la solennité l'ont émue, comme elle l'indique dans son interview, et à animer des personnages hiératiques icônifiés par la légende, dont le noble prince soumis à son destin (Jean-Dominique Peltier convaincant) et son épouse, qui tente de sauver la lignée, qu'elle interprète avec beaucoup d'émotion.
Dans une monstration en rutilants costumes d'époque, dont elle a assuré la confection, alternant récitatif, fort bien assuré par Alain Michel, dialogues codifiés et rites de la tradition orthodoxe serbe, une distribution mixte, avec des comédiens français et de comédiens serbes, parfaitement bilingues qui utilisent parfois leur langue maternelle, invite, avec solennité et conviction, le public à feuilleter ce qui pourrait être un livre d'heures. |