La première des deux expositions annuelles proposées par le Musée des Impressionnismes de Giverny en 2011, "Bonnard en Normandie", est consacrée aux oeuvres du peintre Pierre Bonnard réalisées lors de sa domiciliation normande.
En effet, en 1912, il s'installe à Vernonnet dans "La roulotte", une maison bien nommée pour un peintre nomade, à quelques kilomètres de la fameuse colonie de Giverny dont Claude Monet était le patriarche, qu'il occupera pendant une vingtaine d'années avant de s'établir dans le sud.
Marina Ferretti Bocquillon, directeur scientifique-conservateur du Musée des Impressionnismes de Giverny et spécialiste de l’impressionnisme et du post-impressionnisme, et Vanessa Lecomte, attachée de conservation audit musée, ont choisi de présenter spécifiquement les oeuvres de cette période qui jouissent injustement d'une moindre considération alors qu'elles assurent la transition fructueuse entre les oeuvres de jeunesse de la période nabi et celles de la maturité.
Pierre Bonnard, entre Paris et Le Cannet, l'Arcadie normande
Au cours de la villégiature normande coulent des jours paisibles et Pierre Bonnard pratique le bonheur de peindre la nature mais également le quotidien et l'intime.
Immergé dans la campagne normande, Bonnard sublime les paysages et transcende les scènes de la vie quotidienne, confirmant son nabisme.
Peindre l'extérieur, avec les paysages.
Celui qui écrit "l'art n'est pourtant pas la nature" se plonge dans la nature et le paysage devient une de ses sources d'inspiration essentielle.
La lumière changeante de la Normandie lui permet d'explorer toute la palette chromatique jusqu'à l'exacerbation de la couleur et de pratiquer à l'envi la juxtaposition des couleurs chaudes et froides ou au contraire de décliner une même couleur ("Paysage au remorqueur").
Peindre l'intérieur avec ces scènes de la vie quotidienne, de la "Salle du petit déjeuner" aux "comptes de la journée" et l'étonnnant cadrage de "La nappe blanche" travaillé en surplomb. Et puis, peindre l'entre deux : le fleuve vu de la terrasse ("Fenêtre ouverte sur Seine", visuel de l'exposition)
ou la table dressée dans le jardin en trait d'union entre la maison et le jardin ("La terrasse à Vernon").
La présentation d'un florilège d'oeuvres d'une période méconnue, du grand public avec de nombreux prêts de collections particulières, constitue donc un des trois intérêts majeurs de cette exposition.
Car, d'autre part, avec un cabinet graphique, comportant un important ensemble de dessins souvent inédits parmi lesquels se trouvent des études préparatoires particulièrement précises de ses futurs tableaux, elle révèle que Bonnard était, peut-être avant tout, un dessinateur émérite.
Il permet d'apprécier la technique et le talent du peintre qui se concentre sur le dessin et la composition : "Je dessine sans cesse. Et après le dessin vient la composition qui doit être un équilibre. Un tableau bien composé est à demi-fait".
Enfin, elle comporte une section documentaire avec des documents d'archives dont des correspondances et des photographies qui permettent une évocation sensible du peintre dans sa vie quotidienne.
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