Comédie écrite et mise en scène par Antoine Séguin, avec Sophie Gourdin, Elrik Thomas et Antoine Séguin.
Le théâtre vu de l'intérieur est un thème récurrent de parodie et Antoine Séguin en a déjà tâté avec "Tragique Academy" qui narrait la représentation en perdition d'une tragédie, interprétée par une troupe d'amateurs et deux survivants du théâtre d'avant-garde, qui s'achevait en show télévisé.
En voici une nouvelle déclinaison avec "La porte" qui, sur toile de fond de satire du théâtre subventionné, narre les impondérables qui affectent la tournée d'un spectacle qui va changer radicalement de registre.
Un metteur en scène aux abois, qui ne peut annuler une représentation dont dépend le renouvellement de sa subvention, doit faire face à la défection successive tant des comédiens que du décor.
Seuls présents une comédienne qui se prend pour une diva du théâtre de répertoire et ne peut supporter une "cohabitation scénique dévalorisante" (Sophie Gourdin), un acteur improvisé qui a une cervelle de moineau et une mémoire de poisson rouge, le roi de la bonne blague, ex VRP en farces et attrapes reconverti en artiste multitâches (Antoine Seguin) et la régisseuse coincée dans sa régie sans son matériel.
Mais "the show must go on" et le chantre du théâtre épique boosté par l'absorption de boissons alcoolisées (Elrik Thomas) relève le défi allant jusqu'à payer de sa personne sur scène.
Inutile de préciser que l'ambiance est tout aussi explosive que loufoque car Antoine Séguin ne fait pas dans la morosité et cette comédie délirante, qui "sent le vécu", tout en n'ayant d'autre prétention que de divertir, et qui exploite toutes les veines du comique, est jubilatoire.
Sur scène, le trio joue à fond les manettes la carte de la truculence farcesque qui frise le non-sense en tant que folie pour la folie et ce sans se prendre la tête mais souvent au bord du fou rire.
Sophie Gourdin est épatante en clone de Sarah Bernhardt emportée dans une spirale branquignolesque et Antoine Séguin irrésistible en pied nickelé tout aussi ahuri que débrouillard. Quant à Elrik Thomas, dont l'abattage est connu, il se taille la part du lion dans un rôle sur mesure de Woody Woodpecker du théâtre qui lui permet de passer sans état d'âme de la posture du metteur en scène à écharpe à la Gay Pride. |