Comédie dramatique de Philippe Blasband, mise en scène de Olindo Cavadini, avec Françoise Dehlinger et Jean-Paul Cessey et les musiciens Adrien Regard et Automne Lajeat (en alternance Aurore Daniel).
Olindo Cavadini a traité de manière originale, et quasiment hybride, entre théâtre et cinéma, l'adaptation théâtrale éponyme, par Philippe Blasband, de son scénario pour le film "Une liaison pornographique", réalisé par Frédéric Fonteyne en 1999 avec Nathalie Baye et Sergi Lopez.
Nonobstant le titre accrocheur dont l'adjectif insinue, en l'espèce, plus que le sujet abordé, cette partition aborde une thématique plus proche de l'amour qu'il n'y paraît en explorant le postulat de la possible dichotomie du sexe et du sentiment notamment lorsque l'intime commence par le sexe, thématique qui sera également déclinée en 2001 par Patrice Chéreau dans le film "Intimité".
A l'automne de leur vie, un homme et une femme, tous deux anonymes et insitués, se remémorent un épisode de leur vie au cours de laquelle ils se sont mutuellement recrutés pour assouvir un fantasme d'ordre sexuel. Presque un contrat synallagmatique entre deux inconnus qui ne veulent rien partager d'autre que cette relation sexuelle strictement encadrée, une relation sans enjeu autre que le plaisir des sens..
Et la rencontre s'est érigée en belle expérience sensuelle, puis en liaison dans laquelle, au désir, toujours vif, s'est ajouté le sentiment. Mais, comme ni l’un ni l’autre n’ont souhaité ni cédé à la tentation évidente d’en savoir davantage, aucun n'a franchi le cap de la verbalisation de cet amour réciproque.
La structure bipartite de la pièce composée de réminiscence des scènes vécues et des soliloques des deux protagonistes a incité Olindo Cavadini à traiter quelques scènes en en mode vidéo, réalisée par Edward Goldstein, qui s'y insèrent judicieusement en donnant la mesure de la distanciation opérée par l'écoulement du temps.
Par ailleurs, il a concocté un bel habillage musical et inséré sur scène deux musiciens, Adrien Regard à la contrebasse et Aurore Daniel au violoncelle, qui, non seulement sont acteurs en assurant une partition pas seulement musicale, mais également spectateurs bienveillants de cette histoire. Leur présence juvénile apporte un éclairage bienvenu tout comme elle évite la staticité qui résulterait d'un mode essentiellement narratif.
Sur la minuscule scène du Théâtre du Guichet Montparnasse, quelques panneaux de tissu clair suffisent à aménager l'espace scénique. Les deux comédiens, sans forcer dans la démonstration du sentiment, un geste, un regard suffisent, sont particulièrement justes dans l'incarnation de l'éphémérité de cette inattendue histoire d'amour.
Rien d'étonnant à ce que Jean-Paul Cessey, l'homme ravi, soit la fois émerveillé et craintif face à Françoise Dehlinger, pétillante. |