Spectacle conçu par le Collectif Hubris, mise en scène de Raouf Raïs, avec Cécile Chatignoux, Ophelie Legris, Jean-Antoine Marciel, Raouf Raïs et Patrice Riéra.
Il y a une cinquantaine d'années, Gainsbourg posait la question "Qui est in, qui est out ?". Aujourd'hui , dans une société fragmentée, fractionnée en "tribus ", l'interrogation consiste à savoir comment s'intégrer au milieu de personnes dont le premier dénominateur commun consiste à se distinguer d'une norme de plus en plus floue, quand elle existe encore.
Voici la question éminemment moderne que pose au spectateur le Collectif Hubris, à travers son spectacle "Nova".
Quatre personnages vont, chacun à leur manière, se trouver confrontés à cette problématique de positionnement social, où il faut imiter pour s'intégrer tout en affirmant son individualité. Lorsque trop d'originalité condamne à l'exclusion, la position finalement communément adoptée consiste alors en des proclamations de rébellion, des postures d'êtres en marge alors que chaque personnage ne cherche qu'à se fondre dans une masse et être acceptés.
Cet étonnant objet théâtral se déroule à la manière d'une soirée durant laquelle les invités se côtoient et cherchent à tisser de liens entre eux. Tout comme une soirée festive durant laquelle les évènements se succèdent sans forcément qu'il y ait de liens entre eux, où les conversations sautent du coq à l'âne, Raouf Raïs choisit le parti pris de sketchs qui se succèdent, voire se déroulent en même temps.
Les textes, écrits par les acteurs, le metteur en scène et parfois improvisés, rappellent forcément des moments de vie, lors de rencontres avec des personnes dont le discours, la pensée ou l'attitude sont légèrement décalés par rapport à la vôtre.
Ceci débouche sur des moments brillants ou des instants d'ennui, des passages grotesques ou des extraits talentueux, comme dans la vie. Raouf Raïs tient le rôle de l'hôte, de la voix du narrateur, voire de la voix de la raison. Très en retrait, il n'interviendra qu'en tout début et toute fin de spectacle. Cécile Chatignoux et Ophélie Legris, figures féminines tour à tour tentatrices ou protectrices, actives ou passives. Patrice Riéra incarne le beau gosse sombre et Jean-Antoine Marciel, le clown, toujours à la limite de la rupture.
Ce spectacle, où le ridicule et le rire côtoient l'état de grâce et le drame, reproduit ainsi le rythme de ces soirées où chacun s'est déjà rendu, des soirées dans lesquelles face à des inconnus on peine à se trouver une place.
Une pièce surprenante dans sa forme qui pointe avec finesse le libéralisme qui avance sous un masque de libertarisme. |