Réalisé
par Martin Provost. France, Belgique. 2010.
Drame. Avec Yolande Moreau, Edith Scob et Pierre Mourre.
Rose Mayer est mariée depuis 32 ans (deux perpétuités) avec un rustre qui, non
seulement est violent, mais trouve le moyen d'écraser une jeune fille
une nuit.
Un accident qui va faire basculer la vie de Rose Mayer puisqu'elle décide de
se "séparer" de son mari. En l'écrasant à son tour, une même nuit, même lieu, même voiture.
Rose Mayer insoupconnable et insoupconnée dans un premier temps, part
rejoindre son fils à Bruxelles, fils unique, homo, très tôt banni par le père dans une violence qu'on imagine.
Nuit.
La première partie du film est sombre, silencieuse et sourde, ponctuée par des sons de moteurs contrariés, de chocs (accidents et coups),
d'informations à la radio qui dépeignent les drames du monde sans suciter aucun interêt chez le couple, qui en vit un, en huis-clos depuis belle lurrette.
Le regard de Rose Mayer est un abîme, femme battue sans un mot en pleine nuit, elle besogne en silence nettoyant le sol, le sang, la voiture et son corps dans des scènes de bain, picturales et apaisantes.
Jour.
L'arrivée à Bruxelles, l'espace urbain, les matériaux de la ville reflètent la lumière qui pénètre le regard de cette femme si fermée. Elle s'illumine, est touchée par la grâce (magnifique scène au musée).
Elle s'émerveille de la vie de son fils, sa seule raison de vivre.
On la sent exister, mais on sent tout autant que cette libération est concomitante de l'enquête qui avance et la culpabilité qui pointe.
Le flic qui la suit, les doutes insistants de "l'ami" journaliste du fils - la pression monte.
Pensant naïvement que la mort du père signerait un nouveau départ pour eux deux, la désillusion est lourde, le fils la rejète violemment.
La vérité révélée plonge Rose Mayer dans une fuite désespérée. On passe alors quasiment dans un film de gangster (en robe de chambre fleurie). Elle trouve refuge chez une étrange tenancière de pension, complice inespérée, qui organise l'échappée. Dernière partie un peu longuette où finalement l'intrigue se dilue, mais l'intensité des émotions suffit à nous captiver jusqu'à la dernière image. |