One woman show de Joséphine Draï.
Bon ok, je suis vieux. Tout du moins, je n'ai plus l'âge ni du public visé (en tout cas, celui présent ce soir), ni celui de la charmante Joséphine Draï qui, d'ailleurs, intègre cet important paramètre socio-démographique à son spectacle en parlant de 22 (jeunes) - 38 (un peu trop vieux déjà) ans comme coeur de cible de ses turbulentes histoires.
La meilleure des preuves est que je suis le seul à avoir trouvé un peu fort le fait de citer "Hallelujah de Jeff Buckley". Pire, le public trouve ça cool et tout le monde comprend. Bien sûr, je n'ai pas de doute sur le fait que Joséphine sache que cette sublime chanson est de Leonard Cohen. En revanche, je suis certain que ce remplacement par le jeune et beau (et mort) Buckley fils est issu d'une savante réflexion sur la perception de l'information par le public visé.
Mais on n'en est pas à une approximation près, après tout je ne suis pas venu voir Thomas VDB... Par contre, pour rester dans la musique, la demoiselle auteur, compositeur et interprète ne se cache pas d'avoir été LA josephine qui inspira la chanson de Bashung. C'est pas de sa faute, me direz-vous. C'est vrai mais c'est elle qui s'en vante. Alors derrière, on s'attend à de la nana d'exception... forcément.
Encadrée de deux musiciens qui ponctuent également le spectacle de quelques brèves interventions verbales assez drôles, Joséphine déborde d'une énergie folle et d'une folie énergique. Le souci est que tout cela est trop contrôlé, trop balisé et au final trop écrit.
Ainsi les écarts de réelle spontanéité sont rares jusqu'à se demander si ces fameuses 12 minutes passées ce soir là avec une poussière dans la gorge existent vraiment (et si oui, bravo mademoiselle) ou bien si cela revient soir après soir, tout comme Zorro, Patricia et le papa dans la salle. Ce papa-spectateur qui sera le garde-fou contre toute vulgarité, même esquissée, durant tout le spectacle.
Du coup, on se retrouve avec une fille qui raconte sa vie de tous les jours (ou plutôt celle du personnage qu'elle interprète et qui n'est pas un ragondin sans vouloir spoiler à outrance). Une vie de fille moderne normale. Un peu cruche, très superficielle, pleine de meilleures copines, d'ex, de famille recomposée et de gourmandises coupables, d'un père adoré et d'un monde peuplé de futurs ex.
Bref, à peine de quoi remplir les colonnes de Cosmopolitan ou les pages de dessins du blog de Pénélope Bagieu.
Néanmoins loin de la catastrophe, Joséphine a une belle présence sur scène et l'originalité vient tout de même de la moitié des sketches chantés. Les textes sont bien ficelés, les mélodies rigolotes et vice-versa et les musiciens, malgré le son qui ne leur rend pas justice, sont bons et la demoiselle s'emporte dans des éclats de gesticulations qui font souvent sourire (rire aux éclats pour certains visiblement, mais sans doute qu'il faut être dans le coeur de cible).
Tout cela manque quand même encore d'un peu de matière, d'originalité et d'impertinence mais le potentiel est là et ce spectacle de jeunesse ouvre bien des perspectives.
En attendant, "Joséphine ose !" reste un spectacle à voir, en guise d'after work avec ses copines et avant un dîner bio quelque part dans le Marais. |