Comédie adaptée d'après trois oeuvres de Marivaux, mise en scène de Nada Strancar, avec Juliette Allain, Pauline Bayle, Sigrid Bouaziz, Julien Campani, Hélène Chevallier, Florent Dorin, William Edimo, Alex Fondja, Marie Kauffmann, Gregor Knop, Yannik Landrein, Martin Loizillon, Leslie Menu, Julie Moulier et Jenna Thiam.
En marge de ses comédies sur la métaphysique de l'amour, Marivaux a notamment écrit trois pièces courtes en forme d'apologues sur l'ordre moral, "L'île des esclaves", "L'île de la raison" et "La colonie", se déroulant dans le même espace clos d'une île, dans lesquelles il explore le thème de l'utopie d'un monde nouveau qui, respectivement abolirait l'oppression résultant de la notion de classe, amenderait les hommes de leurs vices et établirait la femme au rang de citoyen.
La tentation est grande et légitime de les présenter en triptyque, ce qu'a fait récemment Gilberte Tsaï avec "Le jeu de l'île" présenté au Nouveau Théâtre de Montreuil, qui y voyait le parallèle avec la scène de théâtre lieu de confrontation avec de nouveaux rôles.
Dans le cadre des Journées de Juin du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique qui clôturent l'année, Nada Strancar, qui y est chargée d'un cours d'interprétation, lui emboîte le pas avec "Les trois îles" données dans une version moins compilée, avec parfois des scènes en bis repetita avec des élèves différents.
Sans grands effets de scénographie, sa mise en scène repose sur de bonnes idées comme celle des acteurs placées en cercle comme pour un jeu de ronde pour "L'île des esclaves" qui délimite ainsi le pré-carré scénique dans lequel vont s'affronter les protagonistes sous les yeux de leurs camarades ou l'effet d'optique des jeux d'ombre pour représenter la métamorphose des hommes physique des hommes que leurs défauts avaient transformés en nains dans "L'île de la raison".
Les trois opus offrent également une belle palette de jeu et d'emplois avec les personnages et caractères de cette dernière avec le paysan Blaise et le gascon aux savoureux accents et les belles figures de femmes de "La colonie".
La participation d'élèves des trois promotions mêlées est riche d'enseignement et réserve de belles surprises comme ce moment de grâce avec Hélène Chevallier, de deuxième année, dans la scène de la supplique de la jeune fille dans "L'île des esclaves".
Ainsi il faut le lire pour savoir que Jenna Thiam achève sa 1ère année face à certains élèves sortants qui n'ont pas acquis la maîtrise de la respiration et du souffle et se retrouvent en apnée après chaque phrase.
Julien Campari, en 2ème année, se démarque nettement, et pas seulement en raison de son beau timbre de voix, par sa capacité à ne pas être limité en terme d'emploi et à ne pas compenser le manque de profondeur par la démonstrativité tout comme Yannik Landrein et l'excellente Julie Moulier, élèves sortants, cette dernière étant particulièrement époustouflante par sa capacité à jouer des rôles masculins sans que cela ne ressortisse au travestissement. |