Adaptation théâtrale d'extraits des entretiens de Jean-Paul Sartre et Benny Levy,
mise en jeu de Jean-Pierre Dumas,
avec Dominique Boissel, Philippe Canales et Mila Savic.
Etait-ce au Flore ou à la Coupole que Jean-Paul Sartre, hyperactif en pleine maturité, noircissait fébrilement les pages du fondamental existentialiste circonscrit en 1943, "L'être et le néant", dont la garçon de café allait devenir une figure philosophique.
Jean-Pierre Dumas a choisi la devanture du Flore et Mila Savic, qui incarne le serveur mythique doublé d'arbitre pugilistique, pour camper le décor des entretiens qui se dérouleront, près de quarante ans après, entre Jean-Paul Sartre vieilli, malade et atteint de cécité, et Benny Levy, son secrétaire mais également philosophe et militant-dirigeant de la Gauche prolétarienne, dont le mode opératoire et le contenu fit couler beaucoup d'encre.
Structurée en trois rounds consacrés respectivement au désir d'être Dieu, au génie et à la fraternité-terreur, pour lesquels avoir quelques solides connaissances de la pensée sartrienne paraît recommandé, son adaptation, effectuée en collaboration avec Thierry Illouz, intitulée "L'espoir (encore) maintenant ?" qui questionne ces propos rassemblés et édités sous le titre "L'espoir maintenant",
Philippe Canales qui campe avec justesse un Benny Levy très concentré et déterminé à pousser son maître dans ses retranchements par la voie de la mise en perspective de ses travaux sur la morale et le principe de la gauche à l'épreuve, le stalinisme et mai 68 étant passés par là, de la réalité historique et contemporaine.
Et Dominique Boissel incarne avec beaucoup d'humanité le vieux philosophe qui, sans aucun embarras métaphysique, remet en question une pensée qui, avec le temps, a été gravée dans le marbre et pratique tout autant l'autodérision qu'un étonnant sens de l'humour face à son propre travail.
Il montre ainsi l'homme derrière le philosophe qui reconnaît n'avoir jamais totalement parachevé certaines théories ou levé certaines contradictions, et qui, à la veille de sa mort soutient que l'espoir est sa conception de l'avenir. |