Ouh ! J’adore ! C’est beau ça alors, c’est beau ! Ce roman sent la praline et le chocolat chaud. Alexis Galmot et Till Charlier, quels talents ! La boulangerie de la rue des dimanches, un petit chef-d’œuvre pour dévoreurs de fantaisie poétique !
Oui, c’est de la littérature de jeunesse, c’est-à-dire qu’elle répond aux critères d’une loi ancestrale du 18ème siècle selon laquelle les auteurs ne tiennent nul propos racistes, sanguinolents, mortifères ou déplacés. Ici, c’est tout plein d’amour, d’humour, de poésie, de demi-baguettes pas trop cuites et de religieuses au chocolat. Et alors ? La littérature de jeunesse n’est en aucun cas une sous-catégorie, pour moi, c’est la plus belle.
L’histoire fait penser à La sorcière du placard aux balais de Pierre Gripari, au Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl, et au maladroit Prince de Motordu de Pef. Des histoires de vie qui enseignent à voir le monde dans les yeux d’enfants de 6 ans : en se jouant du temps qui passe, plein d’espoir dans l’avenir, à ne garder que le meilleur et le plus drôle. Ici, Alexis Galmot signe son premier texte pour la jeunesse, j’espère vraiment qu’il souhaite continuer, j’attends son prochain roman, et je remercie ceux qui l’ont inspiré pour ce texte original. Till Charlier quant à lui a dessiné toutes les illustrations, d’un trait naïf et drôle.
La Boulangerie de la rue des dimanches commence assez mal, avec un couple très pauvre et très amoureux, un bambin nourri de mouches séchées et très aimé de ses parents, des parents qui décèdent, l’enfant dans un orphelinat. Mais les parents du petit Jack Talboni lui ont fourni la bulle spéciale qui aide à rêver et à espérer dans ce monde pas toujours très tendre. A l’heure de choisir son futur métier, il s’oriente vers la filière boulangerie-pâtisserie. Et pas de bol pour lui, il tombe très malade, ne suit pas la formation entièrement, et apprend seulement la fabrication des demi-baguettes pas trop cuites et des religieuses au chocolat la veille de l’examen.
Heureusement que le directeur de l’orphelinat est en réalité une des 777 différentes enveloppes corporelles du chamane au nom imprononçable, car le sujet de l’examen tombe pile poil sur les demi-baguettes pas trop cuites et les religieuses au chocolat. Jack réussit et file en apprentissage chez un boulanger. Puis il s’achète une échoppe, vit de ses demi-baguettes pas trop cuites et de religieuses au chocolat.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, chaque aventure est un trésor d’écriture, chaque page tournée révèle une nouvelle perle, Jack Talboni ne tombe jamais dans le désespoir et pourtant, nous aurions tôt fait de nous plaindre, à la moitié de ses ennuis. Ce Galmot est un sacré raconteur d’histoire. Le roman parle aussi d’une femme à la peau chocolat, des lundis, des dimanches, des demi-baguettes pas trop cuites et des religieuses au chocolat, des passants, des Quatre Saisons de Vivaldi au tuba et à la flûte, de la Seine, d’un boulanger tombé dans son pétrin, des parents qui dorment sur les tabourets de la cuisine…
Un livre qui redonne du piment au quotidien, qui dit que ce qui se passe n’est pas aussi pire qu’il en a l’air, que tout est beau et sent bon, tout dépend sur quelle partie on choisit de mettre l’accent. Ça fait du bien, c’est léger, truffé de drôlerie et d’amour. A lire et relire et re-relire. |