Ice et Jo A sont deux grands noirs à la voix de velours : The E.T’s. Class et cool, ils livrent leur message d’amour dans Nous venons en paix. Le principe de l’album est de décrire le monde d’un œil neuf, et quel œil nous scrute mieux que des orbites d’aliens ? Ils feignent 45 minutes de naïveté douce-amère pour décrire objectivement notre monde. C’est Jo-A qui fait l’homme orchestre (guitare, piano, basse, percussions…) et Ice qui pense les mots.
Pour la peite histoire, Ice est le fils du chanteur et trompettiste des Têtes Brûlées (premier groupe de punk africain). Et ces deux là se connaissent de longue date, de l’école de Yaoundé au Cameroun, des faces B instrus de Jay-Z ou de Kanye West, de l’émigration en France à 18 ans, du Mans à Paris, ils finissent naturellement dans la buddy-song, là où deux camarades au même délire fabriquent et musiquent en binôme.
YouTube m’a fait accéder à une seconde de gloire, dans la vidéo où je sers du Coca à des petits lutins, perso, je m’en serai bien passé. Mais ça a fait du bien à The E.T’S. Ils s’y sont fait remarquer avec "Madame Météo", sur le terrible mal qui accule les femmes dans la catégorie des gens peu fréquentables : la versatilité (comme si… pffff… Les hommes sont plus prévisibles, c’est à la pleine lune qu’ils deviennent agressifs… jaloux !).
Ils captent la fragilité de l’humain dans "L’homme nuage", la tête dans la lune, l’humour changeant, les pieds jamais sur terre, la poursuite de l’arc-en-ciel, les rêves les yeux ouverts, la dégradation au fil du temps… Ça m’a bizarrement fait penser à ce film où une créature de l’espace ne comprend pas l’intérêt de sauver la Terre, vu ce que les humains en font, et le gentil héros lui répond : "l’amour". Et c’est ce que les E.T’S cherchent peut-être à nous dire : nous ne sommes qu’une bande de tarés avides de superficiel, victimes de la société de consommation qui nous suce les sangs à chaque minute. Oui, mais nous sommes aussi portés par l’espoir, les rêves, les envies, les désirs et tous ces dérivés de l’amour.
Ils jouent des influences et réaccouplent des styles issus d’une lointaine origine commune : pop et hip hop, électronique et acoustique, force percussive et douceur des mélodies, j’oserai dire qu’il y en a pour tous les goûts. D’un autre côté, pas besoin d’être un E.T. pour comprendre que la vie n’est qu’une vaste "Salle d’attente", où on passe la moitié de notre temps à attendre, et la deuxième moitié à faire des choix qui nous pousserons dans une autre salle d’attente.
Ils oscillent entre la gaieté de peindre la vie à son goût ("Colore le monde") et la mélancolie nourrie par les décès ("N’éteins pas la lumière"), ou par la dérive d’un homme qui a perdu le contrôle ("Capitaine"). Voilà qui résume fort bien Nous venons en paix : un mélange de joie et de tristesse, un mélange de musiques et de styles venus d’ailleurs. |