Dour c’est dur mais qu’est ce que c’est bon.

Jour J – rien du tout : on est le jour J, ce jour que l’on attend dès que l’on quitte le site de la machine à feu l’année précédente, ce jour dont on parle tant sur le forum du site de Dour qui au fil des années est devenu une véritable communauté et qui renforce encore le sentiment de convivialité. Eh oui, on y est, c’est parti pour quatre jours de découvertes musicales, de fêtes permanentes avec les potes et des gens que l’on croise sur le festival.

Car Dour, c’est avant tout la convivialité, l’ambiance maximum et beaucoup vont à ce festival (plus démocratique que les autres très souvent) pour y faire la fête et pas forcément pour la musique.

Pour ma part, j’y étais envoyé par votre webzine favori et je vais donc vous donner mon compte rendu sur ce festival.

Jeudi 15 juillet: Ca commence fort : le premier groupe que je veux voir est annulé, c’est ça aussi Dour. Mais à leur décharge, trois annulations sur le week-end parmi plus de 200 groupes et dj, c’est une gageure.

Pas grave, l’annulation de Ari up (ex the slits) nous permet de visiter ce qui sera notre terrain de jeu pendant ce long week-end. Situé sur la plaine de la machine à feu (on est dans le borinage, il ne faut pas l’oublier), le festival offre 5 scènes aux noms plus qu’évocateurs : The last arena (la grande scène) , the red frequency stage (la scène moyenne en plein air), l’Eclectic Dance Hall (chapiteau où l’on peut groover jusqu’au bout de la nuit), La petite maison dans la prairie (où cette année l’on croisera non pas Laura Ingalls mais bien une scène flamande : clubcircuit qui aura sa programmation pendant deux jours).

A coté de tout cela, on trouve les tentes à sponsors pour boites d’interim (qui offriront les Bob salvateurs pour nous protéger du soleil), les boites de téléphonie mobile (où l’on peut aller recharger son gsm en permanence), mais également de multiples stand de nourriture variée (de la crêpe lardon, chèvre, miel aux plats végétariens sans oublier les traditionnels hamburger et frites mayo).

Notre petit tour du site étant fait, nous nous dirigeons vers le concert de Feist qui est donc la première femme à ouvrir le bal et elle s’en tire très bien, ma foi. Seule à la guitare, elle va conquérir le public massé dans le chapiteau. Cette ancienne collègue de Gonzales et de Broken Social Scène (tous deux canadiens comme elle) va nous faire vibrer au son de musique folk, pop, country et parfois soul.


Elle modernise quelque peu son set somme toute assez classique par l’utilisation de boucles de guitare.

Elle parle avec son public en lui demandant s’il veut une berceuse et elle finira sous une huée d’applaudissements (ce qui est pas mal quand on verra le sort réservé à d’autres représentantes de la gente féminine plus tard).

C’est en curieux que je me dirige vers la Magic tent pour assister au concert de pur rock’n roll de Zeke, 32 morceaux pour une demie heure de furie aussi bien sur scène que dans le public et cela me donnera l’occasion d’assister au pogo en rond visiblement très coutumier des concerts de musique hardcore.

Et je dois avouer que l’énergie qui ressort de ce concert me plait beaucoup et je dois me retenir pour ne pas foncer dans ce pogo particulier. On ne compte plus les dizaines de **** qui entrecoupent les paroles du chanteur et les américains sont visiblement très contents de l’accueil qui leur est offert.

Il est temps d’aller calmer nos ardeurs avec le concert tout en finesse de la lilloise Laetitia Sheriff. Celle ci, contrairement à Feist, est accompagnée d’un batteur et d’un guitariste.

Elle va nous livrer pendant une petite heure ces chansons et surtout son univers. On sent qu’elle veut être en communion avec le public, qu’elle est très simple comme fille (elle tient beaucoup à cœur par exemple de remercier les 200 bénévoles du festival) et croyez moi, son ramage est équivalent à son plumage.

C’est donc plein la tête de charme, de chansons romantiques que nous laissons ce petit bout de femme qui ira loin et qui s’était déjà illustrée aux cotés de Feist aux nuits botanique dans le cadre du festival Les femmes s’en mêlent.

Je passe sur Les Sleepers dont j’ai entendu qu’ils faisaient du rock bien noisy et très plaisant, sur Daan qui selon moi devrait continuer des albums dans la veine du premier (Profools) plus rock country folk que dans cette espèce d’electro pas très crédible et ce n’est pas son impeccable costume blanc trois pièces qui me feront dire le contraire. Finalement, j’aurais mieux fait d’aller voir Avril qui aux dires d’amis est bien plus rock’n roll en live qu’il n’y paraît sur album.

Passons donc et attardons nous sur la prestation de revenants tant attendus : les Senser avec une reformation originale avec le chanteur. Et là, on se retrouve dix ans plus tot quand ce groupe faisait la joie des amateurs de fusion comme le faisait les Rage Against The Machine également.

Ils n’ont pas perdu de leur verve et de leur énergie avec une chanteuse hyper sensuelle qui bouge vraiment bien et un chanteur très en voix. Et de nouveau les pogos et body pass repartent de plus belles et l’on voit plein de bonheur sur les visages des anciens et des plus jeunes en train de prouver à ce groupe qu’ils ont bien fait de se reformer.

Le répertoire ira de classiques comme Switch, Age of panic ou No comply à de nouveaux morceaux qui sortiront durant le second semestre 2004. Bref, pari réussi pour Senser et pour le public qui a choisi de venir les voir.

Direction la Red frequency stage pour le concert des New Yorkais hype de !!! (prononcez tchik tchik tchik ). Ils ont l’air en pleine forme même s’ils jouent aussi tôt dans la soirée, plus habitués à clôturer les scènes qu’à les ouvrir.

Un concert de !!!, c’est toujours la même chose : on commence par être dubitatif devant ce mix de jazz, de rock, de punk et de funk ne sachant sur quel pied danser et puis on se dit après tout, on est là pour danser et on va le faire. Et ce ne sont pas les déhanchements torrides du chanteur qui vont nous contredire : Nic Offer est un mix entre Jim Morrisson et Prince, il danse comme un dieu, exhorte la foule à faire comme lui, a des poses très suggestives.

On retrouve l’origine de !!! d’une part dans des groupes punk où ont officié certains membres comme l’ancien groupe hardcore de Nic (Yah Mos) et d’autre part dans les rythmes disco qu’ils donnent à leur musique (comme ils le faisaient dans Black Liquorice par exemple). Ajoutez à cela un coté jazz et post rock, et tout est réuni pour faire de ce groupe une véritable machine à danser.

Et le public le comprend assez vite, poussé par les vocifèrations de Nic, ses déhanchements torrides qui font crier les filles, ses ascensions spontanées de baffles, son petit bain de foule, ses poses politiquement incorrectes avec John Pugh (le batteur du groupe faisant également partie du groupe post rock Outhud).
Ce que je trouve très bien, ce sont les moments de calme que le groupe s’accorde entre les morceaux , retrouvant alors une logique plus jazz et exhortant le public à frapper des mains pour suivre leur groove.

Les musiciens jouent de tous les instruments et lorsque le batteur (John Pugh arborant un t-shirt avec comme inscriptions Kiss my fist) entonne son morceau, on fond, on devient fou face à une voix aussi chaude, soul et groovy.

Finalement, tout cela finit dans un pogo très convivial où la seule motivation est de danser jusqu’au bout et qui trouve son apogée sur l’imparable Me and Giuliani down by the schoolyard et sur le Pardon my freedom, nouveau single en date. C’est donc un très bon début pour cette journée traditionnellement déclarée journée dance du festival.

La soirée continue de plus belle avec de multiples sets electro comme celui de Matthew Herbert (sans son big band mais pour un set de house minimale très plaisant aux dires de certains), ou ceux de Savas Pascalidis (un des poulains de Deejay Gigolo Records) tout comme le retour de Maccarthy (membre des Nitzer ebb) aux cotés de Terence Fixmer.

Le set des Audiobully’s me déçoit beaucoup mais il faut avouer qu’il est fortement désservi par un son défaillant et par l’endroit : on ne met pas des groupes pareils sur des grandes scènes, ça doit se vivre sous chapiteau des concerts semblables.

Je ne suis pas un adepte des concerts purement techno, electro mais je dois avouer que j’ai beaucoup dansé sur le set efficace de Vitalic (un autre poulain du label de Dj Hell) finissant par son Rock n° 1 qui vous met des fourmis dans les jambes. A ce moment là, le chapiteau de l’Eclectic Dance Hall est bourré à craquer et ne désemplira pas jusqu’à cinq heure du matin.

C’est une des raisons pour laquelle je me dirige vers la Petite maison dans la prairie pour assister à la fin du set de James Murphy, patron du label DFA, producteur des Rapture et s’apprêtant à sortir un des albums que j’attends le plus cette année, celui des LCD Soundsystem.

Il va nous conter les 20 dernières années de la musique passant de Joy Division à Liquid Liquid pour mon plus grand bonheur même si je dois bien avouer qu’il est loin d’être un pro du mix. Seule déception, pas assez de monde pour le voir et ce n’est pas la proximité du set des Detroit Grand Pubbhas qui y change quelque chose, le public étant visiblement plus attiré par une dance plus frontale et moins subtile.

Grosse déception que seront ces Detroit Grand Pubbhas, ces derniers ne faisant pas le show qu’on attendait d’eux après un concert si réussi aux nuits botaniques l’an passé. J’en profite pour somnoler un petit peu au fond du chapiteau et ce sont les mix parfaits d’Ivan Smagghe (selon moi, un des plus grands dj’s actuels avec Trevor Jackson) qui me réveillent. Ici, on a pas affaire à Blackstrobe (avec Arnaud Rebottini dans le role du chanteur) mais à un set dj qui remplira toutes mes attentes avec ses longs morceaux de house electro bien mixés.

Et c’est donc ravi de cette première journée que je rejoins ma tente pour affronter la deuxième journée.