Un moment rare dans l’intimité de cet artiste, en ses terres Toulousaines. Une belle performance qui témoigne une fois de plus de la sincérité de la démarche d’un musicien pas comme les autres.
Michel Cloup fait partie du patrimoine musical Toulousain. Il faut dire qu’il a profondément marqué de son empreinte les années 1990, par l’intermédiaire notamment du fameux #3 de sa formation Diabologum. A l’époque, ce mélange de hip-hop au phrasé très singulier (qu’il partageait avec Arnaud Michniak, désormais à la tête (pensante et radicale) de Programme) sur fond de guitare noisy avait affolé les chroniques.
Depuis, le bonhomme a fait son chemin, traçant une route sinueuse, sans compromission que ce soit avec EXPerience, son groupe en demi-sommeil ou plus récemment avec Binary Audio Misfits pour un essai transatlantique plutôt réussi.
L’an passé, quasiment jour pour jour, Michel Cloup avait remplacé au pied levé Laetitia Sadier (échappée de Stereolab, mais malheureusement aussi de cette soirée…). Le Lieu Commun, petite galerie d’Art Moderne, avait alors servi de décor à une programmation pointue et alléchante (Angil & the Hiddentracks et Raymonde Howard complétant le plateau). Ce soir là, en quasi improvisation, il s’était présenté en solo (voix / guitare) avec quelques invités dont le batteur d’EXPerience, Patrice Cartier. La prestation avait été brillante, avec en point d’orgue "De la Neige en Eté" (pour les plus jeunes, un des titres cultes de #3) dans une version épurée dont mes poils frissonnent encore.
A croire que ce mini concert leur a donné des idées, puisque sort ces jours ci l’album Michel Cloup (Duo) – Notre Silence. Et pour boucler le Cercle (Parfait), les deux compères se présentaient à nouveau ce mercredi soir, pour fêter ce nouvel opus, en toute simplicité. Car s’il est bien un mot que l’on retiendra de cette prestation, c’est bien celui-là.
Dans une ambiance très familiale (la vague impression de se retrouver entre amis, autour d’un bon barbecue, les enfants galopant et transformant la salle en vaste terrain de jeux) et devant un public clairsemé mais captivé, le duo a livré un concert brut et intense. Guitare, batterie, voix. Pas de fioriture mais une atmosphère lourde qui accentue (et rend hommage) aux textes, comme il se doit.
Le nouvel album est joué dans l’ordre, puisqu’il raconte une histoire, "Mon Histoire". Et les mots touchent, font mouche et l’on est vite happé dans ce tourbillon de rythmiques et de boucles, patiemment construites.
Pas de doute, "Cette Colère" est un grand titre qui retourne les tripes ; le "Cercle Parfait", premier extrait de l’album donne le ton : on est dans la continuité des essais précédents, batterie appuyée, guitare discrète et cette voix unique. Peu d’échange avec un public certes distant mais dont l’admiration transpire devant la générosité affichée par le duo qui ne compte pas ses efforts.
Les titres défilent et après "Un Film Américain" plus léger, c’est déjà l’heure des rappels. Michel Cloup nous fait l’honneur d’un "Aujourd’hui, Maintenant" en solo, dans une pré-version méconnaissable avant de finir en apothéose avec la reprise débraillée du titre "Seule la musique" de Jean-Louis Costes, le duo se faisant trio pour l’occasion grâce à l’arrivée de K.R.O (Richard Roman, ancien bassiste de Diabologum).
On reste un peu hébété par ce qu’on vient de vivre mais passée la stupeur, on conversera longtemps autour de la tireuse, pendant que Michel se plie de bonne grâce à la traditionnelle séance de dédicaces. Comme disait un footballeur amateur de yaourt en se frappant la poitrine, on remet ça (l’année prochaine) ? |