Dictionnaire rock, historique et politique du football. J’ai nommé le Donqui Foot d’Hubert Artus. J’aurai aimé avoir l’avis d’un footeux, un pur et dur, un de ceux qui connaissent le calendrier des matchs et des coupes mieux que les tables de multiplication, mais je n’en avais plus sous la main, du coup, je préfère m’excuser de mon manque absolu d’objectivité avant de débuter.
Autant commencer par le début, c’est un dictionnaire, et comme je ne tiens pas absolument à gagner le jackpot chez Laurent Romejko, je ne lis pas les dictionnaires qui me tombent sous la main. J’ai donc ouvert le livre au hasard, lettre M : Maillot, suivi d’un historique simple et clair des maillots d’avant-match, de compétition, de sponsors en fibres révolutionnaires, en passant par le design, la coupe, l’utilité, le third, la Tech Fit d’Adidas et le Nike Sphere Thermal… toute bluffée que j’étais de comprendre, j’ai prix une poignée de pages et j’ai tourné.
Lettre S : Séguin, Philippe, ou l’histoire du bon gars perché à la présidence de l’Assemblée qui a traficoté sa télé pour suivre les matchs pendant les débats, mais aussi le seul qui a rédigé un rapport plaçant le pouvoir entre les mains du joueurs, rapport qui a abouti à des mesures concrètes. Philippe Seguin, je connaissais, mais pas comme ça.
Je prends donc encore une poignée de pages un peu plus petite : lettre S : Streltsov, Eduard Anatolievitch, le plus grand rival de Pelé, qui rend sa "talonnade" célèbre, au point de lui donner son nom "la passe à la Streltsov" (une manière de rattraper la baballe, j’imagine ?). Vous connaissez la suite, me voyant approcher la fin du dico, je prends des poignées de pages de plus en plus petites, jusqu’à feuilleter et lire chaque définition comme un recueil de nouvelles. Jusqu’à la fin, jusqu’à reprendre des poignées de pages dans l’autre sens, jusqu’à quasiment lire le dictionnaire du football…
Ce dont je suis certaine maintenant, c’est que s’il n’est pas fait pour les footeux, ce livre est fait pour les non-footeux, qui n’y trouveront pas la réponse au mystère de l’amour du foot (22 types payés une fortune pour courir après un seul ballon), mais qui trouveront tout un tas d’anecdotes, à propos de footballeurs connus, mais aussi de footballeurs inconnus, ou oubliés, mais aussi de tout ce qui concerne le foot, des sponsors au tracé des bandes blanches sur les pelouses, en passant par les origines du ballon, ses coutures et ses machinations.
Et ce n’est pas tout, Abd Al Malik signe la préface "le footballeur est une sorte de Michael Jackson", c’est pas faux, tout le monde le connait, tout le monde a un avis, on l’aime, on le déteste, on l’adule, on s’en fout, mais on sait ce qu’on va en dire. Chaque "chapitre" du dictionnaire est assorti d’une petite citation comme "Grâce au sport, on va mettre ce pays sur la carte du monde". Et la fin du dictionnaire est truffée de bonus : les bads boys, les petites phrases à la con "il faut qu’on y va", et les petites phrases un peu moins con "les Anglais ont inventé le foot, les Français l’ont organisé, les Italiens le mettent en scène", ça, c’est dit !
Mon mot de conclusion s’adresse évidemment aux purs et durs, qui me pensent peut-être inculte ou blasphème, et vous ? Ce petit pavé bourré d’humour vous évoque quoi ? Des banalités ? Des envies de meurtre ? Du déjà-vu ? De la démocratisation ? Du foot pour les nuls ou une vraie Bible ? Dites-moi ! |