Attention, contrairement à leur nom, Les
Fées ne distillent pas des bluettes pour la gente
enfantine.
Dans la lignées des groupes contestataires et activistes,
les Fées comptent bien le faire savoir. Et pour cela quoi
de mieux que de rendre hommage à "ceux sans qui..."
(comme on dit dans les grandes cérémonies). Ainsi,
les Fées ont repris le célèbre "365
jours ouvrables" des non moins cultes Diabologum.
Une gageure, certes, mais un pari réussi pour une version
ne copiant en rien l'original puisque celle ci est en acoustique
avec un solo de ... flûte. Mais cette reprise, je vous rassure,
n'arrive qu'en 8ème position sur l'album ce qui laisse largement
le temps à l'auditeur discipliné de se faire une idée
sur le groupe.
En effet, avec ce premier album
Des mots du sang, Les Fées réussissent à
se forger une vraie identité et à nous proposer leurs
univers musical tant en ce qui concerne la musique que les textes.
Même si on comparera inévitablement la scansion et
le timbre de voix à ceux de Rodolphe
Burger et son Kat Onoma comme
sur "La déesse", les
propos engagés à ceux de Diabologum sur l'ensemble
du disque, confirmé par la reprise de "365
jours ouvrables", les Fées concoctent un bel
album dont les titres arrivent à faire surgir dans l'esprit
de l'auditeur les images décrites par les textes.
On peut donc voir chaque chanson comme un court métrage.
Ainsi, comment ne pas se figurer l'arrivée de la fourgonnette
de police au tribunal entourée de hordes d'hommes en bleu
sur "Justice" ou imaginer
sans peine, l'histoire aidant malheureusement, l'enfer de la seconde
guerre mondiale sur "Concentré"
?
Des textes simples et percutants qui chatouillent là ou
il faut, sans défendre de grande cause précise (pas
d'alter mondialisme par exemple) mais plutôt des causes intemporelles
comme la pauvreté "Misère",
"Aux vaincus".
"La déesse",
si le texte est du même accabit, flirte avec Noir
Désir, voire Rage against the
machine pour la vigueur des guitares.
Un disque cohérent dans la continuité qui laisse
envisager un bel avenir aux Fées dont il est à craindre
qu'ils ne manquent pas d'inspiration pour les années à
venir.
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