Comédie dramatique de Federico Garcia Lorca, mise en scène de Bertrand Mounier, avec Elisa Oriol, Julien Urrutia, Salomé Villiers, François Nambot, Raphaëlle Lemann, Karine N’Dagmissou, Claire Guionie et Violaine Nouveau.
Dans l'Espagne rurale du début du 20ème siècle, le mariage de la femme est encore une histoire de clans, d'honneur et de choix paternel qui lui imposent la soumission et réduisent son statut à sa capacité reproductrice.
Aucun enfant ne naît de l'union imposée à Yerma et celle-ci s'enferme dans un désir obsessionnel d'enfant pas tant, au demeurant, par instinct maternel irrépressible et non seulement pour jouer le rôle imparti et faire taire les rumeurs mais également pour donner un sens à sa vie dès lorsqu'elle est condamnée à vivre avec un homme qu'elle n'aime pas.
La tragédie de "Yerma" écrite par Federico Garcia Lorca retrace une lente et inexorable descente aux enfers restituée par l'intensité dramatique et poétique de la traduction de Fabrice Melquiot que Bertrand Mounier met en scène dansun beau travail choral de manière aussi rigoureuse que maîtrisée en usant avec justesse et parcimonie du registre réaliste sans verser dans ni dans l'espagnolade ni dans le pathétisme illustratif.
Dans le patio de l'Hôtel Gouthière, une table, un banc, quelques objets usuels et une multitude de draps suspendus aux fenêtres, dressent le décor du drame, celui de la place du village sur laquelle est porté l'intime et en intermèdes, quelques courts extraits de chansons populaires rassemblées par Garcia Lorca et chantés par la mezzo -soprano Teresa Berganza.
La distribution, homogène, cohérente et judicieuse, joue sur le même tempo émotionnel, au bon sens du terme : François Nambot, l'homme de coeur, et Julien Urrutia, le mari ténébreux, victime lui aussi des traditions, et un beau quintet, composé de Salomé Villiers, Raphaëlle Lemann, Karine N’Dagmissou, Claire Guione et Violaine Nouveau, qui représente un éventail de figures féminines.
Dans le très ardu rôle titre, Elisa Oriol s'avère excellente, voire exceptionnelle, par un jeu incarné qui transcende et sublime ce personnage tragique, dont le corps a somatisé son désespoir profond, ravagé par une impossible quête existentielle.
|