Spectacle de théâtre musical conçu par la Compagnie Mad the world over, mise en scène de Jungju Kim, avec Geoffrey Armour, Fiamma Bennett, Jungju Kim, Sunyoung Kim, Cédric Mérillon, Hélène Morzuch et Giulio Serafini.
La jeune troupe cosmopolite de la Compagnie Made the world over, dont les membres sont, pour la plupart, issus de la dernière promotion de l’Ecole internationale Jacques Lecoq, propose un premier spectacle qui s'inscrit totalement dans l'enseignement dispensé par celle-ci qui ressortit au théâtre de création basé sur le jeu physique du comédien.
Le texte y perd donc de son essentialité au profit du corps, du geste et du mouvement - qui présentent l'avantage de l'universalité - et de la pantomime qui sert un réalisme distancié et un burlesque, au sens premier du terme, flirtant avec l'absurde de certaines situations de la vie ordinaire voire quotidienne, absurde qui, en l'espèce, poussé dans la démesure, conduit au tragique et à la mort des protagonistes.
Ce que la connotation poético-fabulienne, du titre, "Rêve du papillon" ne laisse en rien présager. Le rêve du papillon consiste en la contribution culturelle "nationale" des deux coréennes, Jungju Kim et Sunyoung Kim, qui ouvre le spectacle avec une adaptation de leur traditionnelle danse de l'éventail dans laquelle celui-ci symbolise un papillon qui émerveille une enfant, tous deux servant ensuite de fil rouge pour un spectacle constitué de trois époustouflants tableaux satiriques.
L'absurdité de la guerre, avec le jeune soldat amoureux des fleurs qui part à la guerre la marguerite sur le casque et qui est entraîné dans une sarabande de mort par un général fou qui se prend pour le chef d’orchestre wagnérien de l’apocalypse, chimère de Arturo Ui et du maestro incarné par Louis de Funès dans "La grande vadrouille" (respectivement Giulio Serafini et Cédric Mérillon bien inspirés), le consumérisme forcené avec l'univers impitoyable des soldes qui conduit les fashion victimes à un affrontement pugilistique (Hèlène Morzuch et Fiamma Bennett toutes deux "percutantes") et la ronde sclérosante de la vie de bureau ryhtmée par des rituels lénifiants (avec en sus Geoffrey Armour et Sumyoung Kim) sont de belles réussites tant par leur fraîcheur, leur scénographie épurée réduite à quelques accessoires et leur acuité que par le savant dosage du rire et du drame et une exécution parfaite. |