Monologue dramatique écrit par Michèle Guigon et Susy Firth, interprété par Michèle Guigon dans une mise en scène de Anne Artigau.
A son bureau de dos, elle est assise et écrit, cherchant des phrases qui serviront de corps à son spectacle, feront sens et lui permettront de dire vraiment ce qu’elle veut exprimer.
C’est sous cet angle qu’on débarque soudainement dans le spectacle de Michèle Guigon, comme si elle nous recevait chez elle, dans son intimité de création et qu’on ne voulait surtout pas la déranger. Le temps d’une lessive, elle nous parle comme à des amis de ce qui fait la vie, la sienne et celle de ceux qu’elle aime.
Comme dans son précédent spectacle, le bouleversant "La vie va où ?", Michèle Guigon installe d’emblée une proximité rare avec la salle, sans "jouer" le moins du monde mais en nous confiant avec sincérité, délicatesse, maladresse même parfois, des petites choses observées ; petites choses à la drôlerie ou la beauté inestimable, désamorçant l’émotion qui affleure en permanence par une pirouette ou un sourire.
Avec sa diction chaotique, au rythme des battements de son cœur, elle nous touche au plus profond. Parfois, elle le chante sur un air d’accordéon. Et c’est magnifique.
Après la maladie qui était au centre de son dernier opus, c’est la vie, la mort et surtout l’amour dont il est question dans "Pieds nus, traverser mon cœur". D’un vieux carton, les souvenirs de sa mère sont déballés et ce sont des considérations sur ses parents, la vieillesse avec son point de vue toujours drôle, juste et pertinent et des moments hilarants. Car comme toujours, elle a le talent pour faire rire de choses graves.
Et on retient surtout cet immense amour de la vie et cette grâce infinie qu’elle a en nous délivrant tout ça avec une tendresse permanente et une belle autodérision.
Un spectacle à l’image de son titre : sublime. |