Deuxième album de Samir Barris, Tenter l’atout, c’est-à-dire qu’il ne l’a pas fait tout seul comme un débutant dans sa salle de bain à l’acoustique aléatoire. Non, il a eu un studio, un arrangeur, un réalisateur et tout le tintouin.
Il est de père Kabyle, de mère flamande et a étudié la littérature française. Franchement, je m’en fiche pas mal, il pourrait bien être affûteur de hache en Sibérie que ça ne changerait pas grand-chose pour moi. Je n’accroche pas tellement. Je suis même d’accord avec "La scène francophone le complait trop souvent dans une chanson un peu pleurnicharde", quand d’autres y voient un "sens des ambiances, une finesse de vue".
Mais au fond, je crois que c’est parce que c’est un gentil garçon, et comme il est plutôt beau gosse, quelqu’un a dû lui dire de faire un créneau du côté des crooners italiens, ceux qui n’ont de vocabulaire que le ti amo, mi tou… Je ne trouve pas d’écho dans ses textes, je trouve sa simplicité assommante et sans charme, mais je suis d’accord pour dire que sa chanson sait "accorder en permanence le fond et la forme"… snif snif… Je déprime… Et en plus il pleut.
Tant pis pour moi si je me plante, mais celui qui a eu la mauvaise idée de "deviner Vian et Baudelaire" aurait pu se retenir. Vian était un bonhomme contrariant et Baudelaire aimait l’absinthe, ils étaient tous les deux torturés et blasés du monde cruel. Samir Barris chante la jalousie des couples ("Velours et mensonges"), la rupture (mais il n’a jamais dû se faire larguer ce jeune, c’est pas comme ça en vrai, ça fait carrément plus mal ; "Tu files"), la déclaration d’amour ("Tenter l’atout"), si tu me suis.
Et il chante tout ça avec un calme aussi lisse que mon plat à tarte, pas de colère ni de rancune dans la rupture, pas de flamme dans sa déclaration, même pas une petite étincelle dans Pauline son amour secrètement secret.
Et pourtant, un joli timbre de voix qui contient bien plus de promesse qu’il n’en chante. Il a le syndrome du surfeur : beau gosse qui ne laisse pas sa beauté s’entacher de mots de travers ni de rires tordus, du coup, pas drôle, pas de conversation… Et pourtant, jolie musique, sympa sans trop en faire, simple et efficace, invitant au refrain que j’attends encore… Comme si le texte ne collait pas au son… Le fond et la forme, c’est tout un art.
Quant à moi : "J’ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l’indifférence" (P. M. France). |