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puce Verre à Venise, 3 artistes, 3 visions : Cristiano Bianchin - Yoichi Ohira - Laura de Santillana
Musée des Arts Décoratifs  (Paris)  Du 24 mars au 4 septembre 2011

En collaboration avec la Galerie Barry Friedmann de New-York, le Musée des Arts Décoratifs propose une exposition consacrée à l'art contemporain du verre tel qu'il est porté par la tradition de création du verre de Venise, résolument pérenne, et le savoir-faire exceptionnel de ses maîtres-verriers qui leur permet de relever les défis imposés par les idées et les projets des artistes, créateurs et designers d'aujourd'hui à partir d'un matériau plurimillénaire.

Sous le commissariat de Jean-Luc Olivié, conservateur en chef du département Verre aux Musée des Arts Décoratifs, et dans une remarquable scénographie de Eric Benqué, notamment pour la présentation en salle centrale des oeuvres de Cristiano Bianchin, l'exposition "Verre à Venise, 3 artistes, 3 visions" réunit ainsi plus d'une centaine de pièces uniques réalisées pour trois créateurs installés à Venise.

Trois créateurs, Cristiano Bianchin, Yoichi Ohira, et Laura de Santillana, tous trois présentés au pavillon de Venise à la 53ème Biennale Internationale d'Art Contemporain de Venise en 2009, dont les oeuvres qui bien que singulières en adéquation avec un univers et une recherche très différents revisitent l'art du verre.

Yoichi Ohira : de la transparence à l'opacité, la sublimation du matériau avec une tradition revisitée et la fusion entre les deux sensibilités culturelles

Formé au Japon puis définitivement installé à Venise depuis 1970, Yoichi Ohira importe, de manière fructueuse et sensible, l'iconographie nippone dans la tradition verrière vénitienne en se consacrant à l'exploration de la richesse iconique du vase en tant qu'objet d'art décoratif utilitaire.

Ainsi il décline les formes traditionnelles de vases japonais en y insérant des motifs abstraits inspirés du répertoire thématique japonais tels que la vague et la montagne, ("Movimento dell’acqua", "Coro truchese", "Notturno con due montagne") mais également les images abstraites de Venise ("Le barche e la Laguna").

Et notamment les reflets des facades dans le canal dans sa superbe série de vases "Finestre".

Il joue sur le rapport extérieur-intérieur par l’insertion d’éléments transparents dans des surfaces opacifiées par la technique de la murrine que les touristes de Murano connaissent bien sous le nom de "millefleurs".

S'il travaille beaucoup sur les couleurs, dont l'association du rouge et noir, les deux couleurs dominantes des laques japonais ("Colata di lava), Yoichi Ohira a aussi décliné l'une des caractéristiques essentielles du verre qu'est la transparence avec sa collection Cristallo Sommerso dont le point d'orgue est le superbe "Cristallo Sommerso Quintet".

Réalisées dans un cristal très pur à partir de la gravure de la même forme initiale de vase rectangulaire à col très étroit, ces pièces sont spectaculaires par leur pureté et leur contemporanéité mais également par l'impression d'équilibre instable qui se dégage de l'écrasement ou de l'empilement dont elles semblent procéder et de l'étrange bulle d'air que constitue le contenant.

Laura de Santillana : vers l'épure aux confins de la peinture et de la sculpture avec un matériau poussé dans ses retranchements

A l'opposé de Yoichi Ohira, Laura de Santillana, issue du sérail, elle est la petite-fille de Paolo Venini le fondateur de la célèbre manufacture Venini de Murano, dissocie la forme de la fonction, dont elle fait totalement abstraction, pour utiliser les propriétés du verre pour remplacer la pierre et la peinture.

Formée par le designer moderniste Massimo Vignelli et réputée pour ses stèles de verre, elle s'est orientée principalement vers des oeuvres qui ressortissent davantage à la sculpture qu'aux arts décoratifs.

Sont présentées des oeuvres se rattachant à trois séries d'inspiration différentes : le minéral avec "Météores", en verre iridescent parsemé de cratères qui résultent des aléas du travail du verre, l'ésotérisme avec "Bodhis", vases inspirés de la position des orants boudhistes et le syncrétisme op art-expressionnisme abstrait.

Les "Flags" et "Tokyo-Ga" qui sont composés de lés de couleur emprisonné dans du verre dépoli qui résulte d'une technique très particulière consistant à façonner la bulle de verre en forme de sac géométrique dont les parois vont se toucher, évoquent résolument des peintures en trois dimensions.

Cristiano Bianchin : confronter matériau et matière et le passé au présent

L'oeuvre de Cristiano Bianchin, d'origine vénitienne, formé à l’Académie des Beaux-arts sous la direction du peintre expressionniste Emilio Vedova, présente des similitudes tant avec celle de Yoichi Ohira que de Laura de Santillana en ce qui concerne l'approche du verre comme matériau ancestral et comme matière à sculpture.

En effet, il réalise aussi bien des objets décoratifs que des sculptures avec une nette consonance ésotérique.

Des vases ouverts ("Instabili contenitori"), des vases couverts qui évoquent les urnes funéraires ("Raccoglitore di pensiero", "Urna del Cacciatore") et des sculptures ambigues et énigmatiques qui ressortissent tant à la figure humaine stylisée qu'aux idoles archaïques (série "Crisaliforme") et aux objets de culte ou de pouvoir ("Scettro figura").

Sa spécificité réside dans les choix qu'il a fait. D'une part, explorer les potentialités du verre noir opaque, mat ou satiné, qui s'inscrit en opposition à l'idée commune attachée au verre qu'est la transparence et qui est de ce fait peu usité.

Et, d'autre part, de confronter, de manière novatrice, ce matériau minéral rigide et froid à son contraire.

En l'espèce, à une matière végétale vivante et flexible, la fibre de chanvre qui s'avère par ailleurs, elle aussi d'usage ancestral notamment dans les rites funéraires.

Toutes ces oeuvres témoignent donc, pour le moins, de l'extraordinaire vitalité de l'art du verre et de son pouvoir sur l'imaginaire des créateurs.

 

En savoir plus :

Le site officiel du Musée des Arts Décoratifs

Crédits photos : MM (Plus de photos sur La Galerie)
avec l'aimable autorisation du Musée des Arts Décoratifs


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