Si dans les années 80 les bandes FM recommandaient de profiter du silence, il ne faut pas négliger que deux décennies auparavant l'on se concentrait plus sur les sons de ce dernier. C'est dans cette optique que commence en ce vendredi mi-ensoleillé, la septième édition du festival Radar organisé par "Le Grand Mix".
Quoi de plus silencieux qu'un monument sacré ? Car c'est au sein de l'Église Notre Dame Des Anges que le "La" du festival est donné.
Isbells s'installe donc sous le regard de Dieu et nous présente sa folk ambiante parfaitement adéquate au lieu, faisant merveilleusement bien résonner les vitraux.
Mais si le son est bon et que le groupe y croit, déployant alors une bonne énergie, les compositions n'en sont pas pour autant originales et finissent par toutes se ressembler laissant alors place à une monotonie aussi prononcée que la discographie complète des Fleet Foxes.
Si les voies du seigneur sont impénétrables, celles pour accéder à la scène du Grand Mix le furent, heureusement, beaucoup moins.
C'est ainsi que l'on découvre Botibol, duo pop/folk originaire de Bordeaux (guitare) et de Paris (batterie), aux harmonies vocales et à la rythmique rappelant Grizzly Bear, qui nous parle des "Montagnes et d'autres trucs moins cool". La présence et l'énergie sont bonnes et furent un bon apéritif bien que l'on ait regretté l'absence d'une basse et d'une guitare supplémentaires qui donneraient plus de profondeur aux morceaux proposés.
Kurt Vile, que nous étions surtout venus voir, s'installe enfin et ouvre le set tout seul avec une nouvelle composition acoustique, avant de se faire rejoindre par les Violators.
Bien qu'en terme de présence le groupe soit assez statique, le concert de ce soir fut exceptionnel.
Kurt Vile fait partie de ses songwriters qui ne trichent pas et qui sont axés sur la spontanéité. Puisant alors force, dans ce que le mainstream qualifie de défaut. Car en effet, ça n'est pas toujours carré, et c'est parfois faux, mais c'est dans ses instants de "faiblesse" que la musique live se porte le mieux, donnant une grace et une sincérité inégalable à ses interprètes.
Nous sommes donc ici dans la musique qui touche, ce n'est alors pas pour rien que Kurt Vile s'emporte et hurle parfois à la mort, notamment sur une version survitaminée de "Freaktrain" qui se terminera dans un chaos sonore sans précédent avec l'arrivée d'un saxophone free qui se superpose par dessus une orgie de larsen et de torture de pédale.
La set list est essentiellement composée de morceaux du fabuleux Smoke Ring For My Halo dans des versions plus jouissives les unes que les autres ("Jesus Fever", "On Tour", "Runner Ups", "Ghost Town").
Le concert se finit sur un "Society Is My Friend" d'anthologie, puis les lumières se rallument au grand mécontentement du groupe et du public devant laisser place à la suite.
Car n'oublions pas que nous sommes dans le cadre d'un festival.
The Leisure Society prend donc place sur scène... l'album étant mauvais, le concert fut logiquement médiocre (on ne pourra pas leur reprocher leur cohérence). Ce fut même probablement l'un des pires concerts auquel nous ayons assisté ses derniers temps.
Le groupe n'a aucune personnalitée musicale et rappelle le fait de rappeler un certain Sujfan. Pas l'ombre d'une émotion donc tant le set sera carré, et puant le "m'as-tu vu moi et mes belles chaussures ?". Ce qui nous permettra néanmoins de pouvoir redéfinir le concept de groupe de droite. Aussi, mention spécial à la flutiste qui nous a travaillé le cul à la moyenâgeuse, avec son instrument, sans relache pendant plus d'une heure.
Au tour maintenant de Man Man, groupe qui s'annonce terrifiant au vu des T-Shirts en vente au merchandising représentant le nom du groupe mais avec la même police que Iron Maiden !
C'est donc intrigué que nous assistons à ce qui sera les plus belles balances qu'un groupe puisse faire. En effet, là où la plupart des groupes jouent leurs morceaux, eux se contentent de faire n'importe quoi, s'autoparodiant alors et tombant dans ce formidable concept de vidéo Youtube qu'est le "Shreds" (principe de mal rejouer une chanson sur des images officielles en se concentrant uniquement sur l'instrument présent à l'écran).
Le ton est donné et les musiciens maintenant changés et habillés en tenue de beauf/indien (on ne sait pas trop) entrent en scène et s'avèreront être ce que Magma aurait dû être si Christian Vander avait écouté du Music Hall plutôt que John Coltrane. La soirée touche alors à sa fin, mais les plus courageux se retrouvent sur une terrasse installée à l'arriére du Grand Mix afin de continuer la soirée/matinée dans la meilleure des ambiances et dans un cadre rétro vintage appréciable en cette rentrée, autour d'un verre de bon vin proposé par l'association "Take A Sip".

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