Spectacle conçu et mis en scène par Sophie Perez et Xavier Boussiron,
avec Marie-Pierre Brébant, Gilles Gaston-Dreyfus, Françoise Klein, Sophie Lenoir, Stéphane Roger et Marlène Saldana.
Oeuvre de commande du Festival d’Avignon 2011, d’où un décor en carton-pâte inspiré du fameux Cloître des Célestins et la thématique de l’enfance, "Oncle Gourdin", la création de la Compagnie Zerep, fondée par Sophie Perez et Xavier Boussiron qui jouissent d’une réputation d’enfants terribles du théâtre, arrive à Paris sur la scène d’un des théâtres co-producteurs.
Présenté par ses concepteurs comme étant "à mi-chemin entre du grand-guignol, du documentaire anthropologique, de l’heroic fantasy, du psychodrame, de la pensée critique et de la vérité", ce spectacle décline les fondamentaux de la compagnie que sont l’esthétique de la laideur, le recyclage syncrétique, le dynamitage performatif du culturel et un humour zerepien pour initiés dont il est souhaitable tant de connaître les codes.
Ce qui fonctionnait globalement plutôt bien, par exemple dans un opus comme le "Gombrowiczshow" vu au Théâtre National de Chaillot en 2008, trouve ici ses limites en raison d’une partition textuelle pauvre et d’un laminage façon "tabula rasa", qui sous réserve de quelques tableaux inspirés, manque de souffle, laisse le spectateur en quête de sens et finit par tourner en rond comme ses protagonistes, des lutins "hippies et gothiques" dixit Sophie Perez.
Ceux-ci forment un quintet de petites créatures laides, libidineuses, méchantes et frénétiques, hybrides monstrueux de nains de jardin portant d’effrayants masques d’Halloween, de clones des hobbits tolkeniens et de gremlins, dont la principale occupation consiste à s’agiter et à détruire sans but sensé apparent nombre d’objets, dont essentiellement des jouets et peluches.
Jusqu’au jour où ils découvrent le théâtre grâce aux malles de l’Oncle Gourdin (attention humour intellectuel au 2ème degré, il s’agit de l’avatar contemporain de l’Oncle Vania de Tchekov dont le gourdin remplace l’épée de Damoclès). S’ensuivent, entre autres et dans le désordre, l’évocation de l’icône Paul Claudel et de l’effet soporifique de son œuvre ("In bed with Claudel") comme de celui laxatif de l’"Epître aux jeunes acteurs" de Olivier Py, la découverte du corps d’un enfant mort au visage d’éléphant man, l’apparition d'une ménine kitsch, la sentence du spectre tutélaire de Jean Vilar, les tragédies de Médée et Œdipe, la capture d’un cloporte géant avec une bouche vaginale et une parodie de ballet contemporain.
Dans ce stupéfiant jeu de massacre qui doit s'entendre, selon Xavier Boussiron, du "geste artistique" pour déformoliser le théâtre, les fous furieux capables de tout que sont les comédiens, Marlène Saldana, Françoise Klein, Sophie Lenoir, Stéphane Roger et Gilles Gaston-Dreyfus, bien que ne semblant pas tout à fait à l’aise dans ce capharnaüm aléatoire, délivre une prestation à prendre pour ce qu'elle est, c'est-à-dire essentiellement performative. |