Il y a quatre ans, cet album m'aurait totalement bouleversé et je l'aurais sans doute écouté en boucle jusqu'à m'en dégoûter. A l'époque, je découvrais Sun Ra et toutes une frange d'allumés mystiques du jazz que je prétendais comprendre dans leur dimension la plus profonde (c'est le gros problème avec la marijuana : certains des concepts les plus abscons vous apparaissent soudain d'une clarté lumineuse et se rattachent irrémédiablement à Dieu ou aux dinosaures).
Le fait est que je vieillis et que les bonnes intentions ne suffisent plus : Anthony Joseph a beau faire beaucoup d'effort pour évoquer Leon Thomas qui ferait du funk aux fortes influences africaines, l'ensemble ne prend pas. Ou alors épisodiquement (sur le refrain de "She is the sea" par exemple, sur la fin de "Money Satan", sur la ligne de basse de "Speak the name"...). Les idées sont bonnes mais trop peu développées, trop étirées sur une longueur parfois inutile.
Et je déteste écrire des choses pareilles parce que cela ressemble beaucoup trop à ce que mon professeur de français pouvait écrire à propos de mes dissertations. Je déteste vieillir. |