Après le tour du monde spatio-temporel en images des toilettes proposé en 2010 avec "Chiotissime !", le Service public d'assainissement francilien poursuit son exploration de l'usage de l'eau à travers les époques et les latitudes.

Ainsi, pour une exposition gratuite à ciel ouvert sur le boulevard de la Bastille, sont réunies une sélection de 44 photos grand format soit autant de façons de se mouiller immortalisées par des photographes de renom.

Le but est bien évidemment d'illustrer le thème de l’assainissement de l’eau, activité d’intérêt général dont est chargée le SIAAP, et d'appeler l'attention sur une pratique d'hygiène universelle, malgré les conditions parfois drastiques auxquelles sont confrontés les pays en pénurie d'eau, par le biais d'une vraie monstration muséale.

Le monde entier sous la douche

Terrebleue, qui assure le commissariat de cette exposition dont chaque photo est assortie d'un titre pertinent et d'un commentaire explicatif, a puisé dans le thésaurus d'une quarantaine de photographes émérites et dont la plupart jalonnent l'histoire de la photographie pour concocter un parcours éclectique.

Celle-ci débute par deux sublimes portraits de femmes iconiques : Dina Verny qui fut la plantureuse muse du sculpteur Maillol ("Heureuse eau" cliché en noir et blanc de pierre Jamet) et en couleurs, sous l'objectif de Sam Shaw, également auteur de la célébrissime photo sur la bouche de métro, Marilyn Monroe joyeuse en "Habit de mousse" lors du tournage du film "Sept ans de réflexion".

Les grands noms sont bien évidemment fidèles au rendez-vous.

Le brésilien Sebastião Salgado avec le bon usage de la mousson comme eau courante ("Douche froide"), les français Willy Ronis, avec une photo de la toilette de sa femme qui évoque la thématique picturale classique par excellence ("Femme au tub") et Robert Doisneau avec la délicieuse photo de l'enfant dans un petit baquet avec un arrosoir qui sert de douche ("La petite machinerie de Doisneau").

Pour les américains, notamment l'incontournable Martin Parr ("La mode se mouille" retenu comme visuel de l'événement), Susan Meiselas qui photographie les sauveteurs du 11 septembre 200 ("Se réveiller du cauchemar") et Elliott Erwitt avec les mythiques ouvertures de bornes à incendie ("New York Plage").

Des photographies sont saisissantes par le tragique (la "Douche triste" d'un jeune mutilé du Bangladesh prise par Abbas) ou la beauté comme le "Bain amniotique" de la mère et de l'enfant de Tamara Dean ou ceux de Hans Silvester avec la toilette dans la rivière en Ethiopie ("Douche improvisée").

Il y a également des appariements cocasses comme la mère et son fils dans un bain traditionnel du Japon de Françoise Huguier ("Bain méditatif") qui semblent regarder les pieds de leur compatriote baigneur dans une eau chaude saisis par Peter Marlow ("Des pieds dans la brume").

Et au passage, un focus amusant sur le bain de nos amis les bêtes avec la douche du perroquet ("Accord parfait" de Larry Towell), "l'auto-douche" de l'éléphant de David Alan Harvey et le "lavage de crinière"s de Agnès Bonnot et un sur l'univers de la douche, grand moment d'anthologie sur l'intimité des vestiaires dont "La douche des crampons" de Michaël Zumstein.

Pas d'impasse sur la précarité et les bains publics que ce soit à Dacca ou dans un cnetre du Secours populaire français avec une photographie de Marie-Paule Nègre.

Dans un autre registre, à ne pas les images des scènes culte de films également culte qui mettent les acteurs dans le bain.

Ainsi à deux dans une baignoire, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, le tandem des "Valseuses" de Bertrand Blier ("Un bain d’égalité"), et la "Douche dangereuse" de Janet Leigh dans "Psychose" d’Alfred Hitchcock.

Egalement Jack Nicholson le turlupin dans "Vol au-dessus d’un nid de coucou" de Milos Forman ("Fou d'eau").

Et puis le couple au bord du gouffre, Michel Piccoli et Brigitte Bardot qui lit dans la baignoire au cours du tournage de Le mépris de Jean-Luc Godard. ("Le grand clivage" photo de Ghislain Dussart) avec, en arrière-plan, une extraordinaire photo de Sergey Maximishin montrant la statue de Lenine karchérisée.