Spectacle de théâtre musical conçu par Michel Heim, mise en scène de Christophe et Stéphane Botti, avec Michel Heim, Alvaro Lombard et Vincent Escure.
Michel Heim, fer de lance du spectacle gay, grand manitou des Caramels fous, orfèvre du pastiche rose et maître es-qualités de la chanson invertie, ouvre la porte du placard pour inviter le public à s'immerger dans un siècle de chansons gay.
Puisant dans un répertoire récurrent et conséquent, il en dresse une véritable petite anthologie illustrée et commentée Mais pas que. Car en contrepoint du divertissement débridé placé sous le signe de l'humour et de la dérision se dessine, au travers des chansons populaires réunies en un florilège qui a puisé sans ostracisme dans tous les registres, du comique au larmoyant en passant par le poétique, l'histoire de l'homosexualité, de sa visibilité et de sa perception sociétale.
Et surtout, comme toujours avec Michel Heim, sans prosélytisme mais avec un vrai militantisme qui vise à prôner la tolérance et l'amour, et avec un argument théâtralisé dont le fil rouge est un jeune provincial qui veut devenir artiste à Paris.
Celui-ci, pour se présenter au casting d’une comédie musicale gay, s’adresse à un vétéran en la matière, et pas seulement dans le domaine musical, connu sous le nom de la Mère Michel (Michel Heim la mèche aguicheuse). Celui-ci et son compagnon-accompagnateur Jacounet (Alvaro Lombard au faux air de professeur Choron) revigorés par le joli minois du postulant (Vincent Escure) mais consterné par sa naïveté et son manque de culture, entreprennent de faire son éducation musicale.
Un clavier et un boa suffisent à Christophe et Stéphane Botti pour bâtir la mise en scène de "Chantons dans le placard" qui rafraîchit les mémoires avec un joyeux divertissement assuré par les trois acolytes.
En intégral ou en un couplet, avec parfois un poil de parodie, ils dispensent entre autres, de manière jubilatoire, le must de la chanson interlope. De "Le trou de mon quai" interprétée au début du 20ème siècle par le comique troupier Dranem au "P’tit pédé" de Renaud, sans oublier les tubes inscrits dans la mémoire collective tels "Comme ils disent" de Charles Aznavour, "La grande Zoa" de Frédéric Botton immortalisée par Régine et "La chanson de Ziggy", un des titres phares de la comédie musicale "Starmania", le registre est vaste et révèle assurément des pépites oubliées dont certaines chantées par les grands noms de la chanson française à l'instar de "L’abbé à l’harmonium" de Charles Trenet, "Les pingouins" chantés par Juliette Gréco et "L'absinthe" de Barbara.
Des morceaux choisis qui bien que sortis du placard ne sentent pas la naphtaline. |