On vous dira que ces quatre danois-là reviennent du futur. Pitch facile pour plumitif paresseux chargé de disserter sur le premier album des 4 guys from the future. De deux choses l'une : soit le Danemark est resté bloqué aux 60's, ce qui expliquerait que cette psyché-pop lourde et lente y ait réputation de futurisme ; soit le futur de la musique d'aujourd'hui est un retour à celles d'hier et d'avant-hier, ce qui expliquerait qu'un brin de culture de l'histoire de la musique permette de se retrouver en terrain familier.
Dans les deux cas, écartons immédiatement un possible malentendu : Under the new morning sun est un excellent album. Inspiré, riche, inventif, réussi, varié, racé, toujours pertinent. De ces albums qui sont à eux-mêmes leur propre référence, dont il est impossible d'assez bien parler (essayez : choisissez les dix plus grands albums de tous les temps de votre discothèque et essayez d'expliquer pourquoi ils sont si grands, sans rien en perdre). Un album dont il n'y aurait que cela à dire : écoutez-le. Écoutez-le. Écoutez-le.
(alors même que c'est cela, justement, qu'il ne faudrait pas dire, de peur de susciter une attente trop grande, dont la candeur de la première oreille confrontée à la réalité, dans son appétit, pourrait se trouver déçue)
Il n'est pas si fréquent qu'un groupe nouveau-né se démarque ainsi par une musique largement affranchie des codes de la production musicale et du marché du disque, pour réinvestir sans plagiat ni même inspiration directe une culture musicale manifestement gigantesque (disons : de Manchester à Berlin, après un détour par New York et la Californie) dans la production d'une œuvre originale.
Bien sûr, il y a dans ce premier long format quelque chose de la fébrilité des premières fois. Quelque chose de sa grâce, aussi. L'amant nouveau ose tout, avec une réussite insolente, tout simplement.
Un bel album qui pourrait bien n'être que le premier. Un classique en puissance.
Écoutez-le. |