Suarez s’est fait connaître avec la gentille ballade "On attend", comme un message d’espoir dans le futur. Suarez est aussi l’histoire de quatre comparses belges, plus exactement trois musiciens malgaches et un chanteur belge, une belle rencontre qui aboutit sur ce deuxième album tout frais, L’Indécideur.
Le premier titre m’a tout simplement fait friser les oreilles, dans le sens "quoi ? Refais écouter un peu pour voir ?". C’était "L’Indécideur", ou un bonhomme qui raconte la tortuosité de sa pensée, de ses humeurs changeantes, de ses coups de cœurs successifs, de ses déplacements… Un lunatique ? Non, un rêveur sur des airs pop-latino, ce qui fait de lui un indécis permanent, qui ne se donne aucune limite. Voilà, les bases sont jetées, voyons la suite.
"Le temps de voir", scandé à la "veux-tu ?", ou la volonté de "se mettre à la place de", pour comprendre, savoir, vivre et déchiffrer les autres, savoir si ça vaut la peine de savoir. Des égoïstes ? Non, de rares altruistes qui cherchent à pénétrer la signification de notre époque bizarre. Ils abordent aussi la question de la différence de couleur, de naissance, de chance à la naissance ("Ta différence").
A mon avis, sous ces introductions idéalistes, il faut bien avouer que le reste de l’album est consacré aux femmes qui leur font tourner la tête. Les titres s’enchaînent en douceur, en ballades rythmées, en chanson française, en pop à la guitare. Et miraculeusement, sans guimauve, sans niaiserie, avec une sincérité réelle.
Suarez a une tendre façon de conjuguer l’amour, à plusieurs sauces, avec légèreté et fraicheur. L’amour façon madeleine de Proust : "T’étais comme" la-route-des-vacances. L’amour façon jaloux : "Comme t’es belle" (ça risque de séduire d’autres que moi). L’amour façon toujours : "On s’en fout" (toi et moi contre le monde entier…). L’amour façon souvenir : "L’ombre".
Conclusion : c’est frais, léger et mignon, certainement de la musique pour fille, mais franchement, qu’est-ce que ça peut faire ? J’aime et puis c’est tout. A noter qu’ils ont reçu le prix de l’album de l’année avec cet Indécideur, comme quoi, il n’y a pas que moi. |