Récit dramatique écrit et interprété par Gilles Segal dans une mise en scène de Jean Bellorini.
Saluons d’abord l’ouverture de cette nouvelle salle : le Théâtre de Belleville, ouvert depuis le 15 octobre 2011, propose dans un cadre spacieux et confortable une programmation de qualité. On lui souhaite donc tout naturellement une "belle vie" !
La saison s’ouvre donc de la meilleure façon qui soit avec la pièce "En ce temps-là, l’amour…" écrite et interprétée par Gilles Segal. Créée il y a dix ans, elle est reprise ici avec une nouvelle mise en scène de Jean Bellorini.
Un homme enregistre au magnétophone pour son fils parti aux Etats-Unis, un événement particulièrement marquant qu’il a vécu dans le train qui l’emmenait à Auschwitz.
Dans la plus grande sobriété, une servante (veilleuse sur pied), un petit escabeau sur lequel est posé un magnétophone, en tenue d’intérieur, ample gilet de laine et chemise sombre, il entre et vient s’asseoir pour délivrer son récit.
L’espace d’une semaine dans un wagon en route pour le camp de la mort, le narrateur va être témoin d’une formidable leçon de vie donnée par un père à son fils. Assis en face de lui, l’homme donnera un air de fête aux derniers moments malgré la promiscuité, la peur et la soif.
Jour après jour, l’homme ne cesse de maintenir l’attention de son enfant et de lui parler de la beauté, la nature, la musique ou la liberté ; la fin (magistrale) étant un immense pied de nez à la mort et à la barbarie.
D’une voix chaude et évocatrice, Gilles Segal, époustouflant, dit ce récit universel qui restitue formidablement l’ambiance de ce wagon avec une intensité constante et une bouleversante humanité.
On apprécie le travail de Jean Bellorini qui a su diriger avec acuité le comédien pour rendre parlants ses moindres regards ou inflexions. Remarquable et précieux spectacle qu’il faut aller découvrir de toute urgence. |