Comédie de Eduardo De Filippo, mise en scène Philippe Berling, avec Stéphane Bault, Christian Caro, Jean-Louis Fayollet, Anne Fischer, Alain Fromager, Cécile Le Meignen, Jacques Mazeran, Clotilde Mollet et Lyes Salem.
L'inauguration de la première saison du Théâtre Liberté de Toulon, scène nationale dont la direction est confiée à Charles et Philippe Berling, a lieu avec "L'art de la comédie" due à la plume de Eduardo de Filippo, auteur dramatique, acteur, metteur en scène, directeur de troupe et figure légendaire du 20ème siècle ancrée dans la tradition du théâtre populaire italien.
Le choix de cette une partition emblématique sur le théâtre, déclinaison en miroir assumée - mettant en scène des "acteurs en quête d’autorité" - d'une autre pièce mythique écrite 40 ans auparavant par un dramaturge également italien, "Six personnages en quête d'auteur"de Luigi Pirandello, résonne non seulement comme un hommage au théâtre mais comme une profession de foi en ce qui concerne le théâtre, l'acteur créateur et le travail de troupe.
En effet, après une entrée en matière quelque peu académique et didactique sur la philosophie du théâtre vivant, art sublime pour lequel suffisent quelques mètres carrés et un acteur, dont l'enjeu, articulé autour de l'illusion théâtrale, est de montrer l'homme à l'homme et le théâtre populaire, place à la comédie, une comédie fortement ancrée dans la commedia dell'arte avec des personnages hauts en couleurs qui offre de beaux rôles de composition aux comédiens.
Philippe Berling monte à la française cette comédie napolitaine à la ténue intrigue-prétexte qui met aux prises un préfet d'opérette insensible au théâtre, superbement campé de manière héroï-comique par Alain Fromager, mal secondé par un secrétaire qui lorgne sur son fauteuil, Jacques Mazeran loufoque, avec la directrice d'un théâtre itinérant dont le chapiteau a brûlé, Clotilde Mollet superbe incarnation de l'âme du théâtre, qui entreprend de lui faire perdre ses repères lors de l'audience accordée à ses concitoyens : le curé (Christian Caro), le médecin (Lyes Salem), le pharmacien (Stéphane Bault), l'institutrice (Cécile Le Meignen) et le couple de paysans (Annie Fisher et Jean-Louis Fayolle).
Dirigés de manière minutieuse dans un registre concomitamment hyper-réaliste et burlesque et un jeu souvent frontal, les comédiens se délectent de ces partitions de choix qui, se déclinant sur le mode du quart d'heure warholien, sont écrites davantage comme faire-valoir des comédiens, une récurrence dans l'écriture de troupe, que pour le spectateur. Cela étant celui-ci ne boudera sans doute pas le plaisir procuré car cette folle journée.
|