L'exposition "Majolique - La faïence italienne au temps des humanistes", qui se tient au Musée National de la Renaissance sis au Château d'Ecouen, est accompagnée de l'édition d'un catalogue qui, outre son intérêt pour la visite immédiate, constitue un ouvrage de référence.
En effet, il s'agit du premier document de synthèse des recherches effectuées depuis deux décennies qui contribue à approfondir la connaissance du monde artistique de la Renaissance.
Réalisé sous la direction artistique de Caroline Chambeau, et aligné sur le parcours de l'exposition, il ne sacrifie pas à la tradition bipartite essai-catalogue ce qui lui confère un accès et une lisibilité accrue. Par ailleurs, il bénéficie d'une mise en page, supervisée par Pierre Finot, extrêmement agréable qui repose sur une diversité maximale des insertions photographiques et dynamise la lecture.
Dans l'avant-propos, Thierry Crépin-Leblond, conservateur général du Patrimoine, et directeur du Musée National de la Renaissance et Françoise Barbe, conservateur au département des Objets d'art du Musée Louvre, tous deux commissaires de l'exposition, précisent que ce catalogue constitue la première publication sur le sujet depuis un inventaire national datant de 1974.
Un sujet par ailleurs de premier plan puisque la majolique la majolique est considérée comme le fleuron des plus importantes collections d'art décoratif des musées nationaux français et qu'elle particulièrement évocatrice de la richesse artistique et des problématique propres à la Renaissance italienne dès lors qu'elle s'oriente vers un univers nouveau lié à l'invention récente de la gravure et de l'imprimerie.
Caroline Campbell, curatrice à la Courtauld Gallery de Londres, se penche sur les rapports entre la majolique et l'humanisme. Elle estime que la majolique figurative, qui avait pour fonction essentielle d'être décorative, car il s'agissait de vaisselle d'apparat, et d'alimenter des discussions car liée aux grandes découvertes intellectuelles de la Renaissance, a utilisé comme source iconographique des thématiques humanistes ce qui ne veut pas dire qu'elle soit d'inspiration humaniste.
Raphaële Mouren, maître de conférences en histoire du livre à l'Université de Lyon, se penche sur la diffusion des livres illustrés et François Barbe sur l'apparition des motifs all'antica qui ont remplacé le modèles orientalisant et le vocabulaire décoratif gothique à la suite notamment de la découverte des grottesche dans la Domus Aurea à Rome en 1480.
Thierry Crépin-Leblond aborde ensuite le développement des décors héraldiques, les armoiries, liées à l'affirmation de son identité, étant d'emploi systématique dans l'Italie du Quatrocento auquel s'ajoute la mode de l'emblème, représenté par une image ou un personnage, et de la devise venue d'Europe du Nord et la question du portrait.
Il indique que la recherche de modèles antiques amène à redécouvrir l'art du portrait sculpté et que le peintre sur céramique s'est aligné sur les novations en matière picturale tenant à l'introduction du naturalisme à partir de Giotto et à la recherche de l'expression du caractère et de la personnalité du sujet initié par Piero della Francesca et Donatello ce qui le conduit conduit à privilégier le réalisme et le rendu du modelé non pour un portrait fidèle mais un portrait idéalisé conforme à la fonction de l'intéressé.
Enfin, Timothy Wilson, de l'Ashmolean Museum d'Oxford, clôt l'ouvrage avec un essai sur Nicola da Urbino qui est reconnu comme le grand maître de la majolique et dont l'atelier a produit le chef d'oeuvre absolu que constitue
le service Correr, le plus grand service de table de majolique qui a traversé les siècles. |