Comédie de Molière, mise en scène de Laëtitia Guédon, avec Olivier Desautel, Ibtissem Guerda, Yves Jégo, Christian Julien, Teddy Mélis, Adrien Michaux, Yohann Pisiou, Julien Saada et Lorraine de Sagazan.
La création 2011/2012 de la Compagnie Ecla Théâtre, "Le médecin malgré lui" de Molière mis en scène par Laëtitia Guédon, s'avère une belle réussite à plus d'un titre.
D'une part, bien que spécialement dédié au jeune public par sa programmation, ce spectacle ne verse pas dans les écueils lénifiants, notamment de la commedia dell'arte mâtinée de guignol, des spectacles à destination des scolaires ce qui l'ouvre largement aux adultes même non chargés de famille.
D'autre part, la contextualisation, grande mode qui sévit sur le répertoire classique et qui consiste souvent en des détails formels qui tiennent à un décor kitsch dans lequel des acteurs scandent le texte au rythme d'une navrante di-si(scie)-on en se trémoussant sous une boule à facettes au rythme d'une bande son-clubbing, ou en une dénaturation du texte original en la passant à la moulinette d'un verniculaire langage subculturel, résulte en l'occurrence d'un parti-pris totalement maîtrisé qui immerge véritablement l'intrigue dans un environnement contemporain, et ce pour l'intégralité des scènes, tout en tenant techniquement la transposition de façon aussi efficace que convaincante sur la durée jusqu'au dénouement.
En effet, Laëtitia Guédon a choisi de traiter cette farce au fond de satire acide, qui vise la médecine et les rapports de pouvoir avec une variation sur le thème du couple déclinée en triptyque, les querelleurs, les résignés et les amoureux, sur toile de fond du "vivre ensemble" renvoyant dos-à-dos roués et crédules d'une société métissée, ce qui apporte du grain à moudre aux pédagogues, enseignants et accompagnateurs.
Tout commence au rythme joyeux d'une noce manouche mais pour les heureux époux, après l'heure de la jarretière qui vole dans les airs, vient celle de la scène de ménage au cours de laquelle la pétulante Martine (Ibtissem Guerda) décide de se venger de son butor de mari en le faisant passer pour un médecin qui lui vaudra bastonnades et tintouin.
Teddy Melis, qui a l’abattage nécessaire pour endosser le rôle de Sganarelle est, dans tous les sens du terme, étourdissant. Sganarelle, piqué au jeu, se prend pour un gourou rebouteux mâtiné d'un marabout. Il roule dans la farine un black tonton macoute vendeur de tissus à boubou parfaitement incarné par Christian Julien doté d'une fille malade de mutisme, une grande blonde, genre ado mollassonne qui se gave de chamallow (Lorraine de Sagazan) cocoonée par une nourrice café au lait mcdoomisée n'était la coiffure afro qui le-la fait ressembler à la folle soubrette de la cage aux folles (jolie composition de Yohann Pisiou)
Olivier Desautel, Adrien Michaux, Yves Jégo et Julien Saada complètent la distribution adéquate pour cette comédie rondement menée qui se déroule sur un train d'enfer dans un ingénieux et extraordinaire décor-valise,conçu par Soline Portmann et Emmanuel Mazé qui se déploie un peu à la manière des livres animés : l’arrière d'une roulotte s’ouvre pour constituer une boutique de tissus africains dont les murs se transformeront ensuite à vue pour camper le quai de la station de métro Barbès -Rochechouart. |