Montage de textes de Guy de Maupassant, mise en scène de Anton Kouznetsov, avec Yannis Bougeard, Denis Boyer, Amélie Esbelin, Laure-Hélène Favennec, Aurore James, Samuel Martin, Mathilde Monjanel, Aurélie Ruby et Thomas Visonneau.
Le spectacle dit "de sortie" des élèves des écoles de théâtre clôturant leur cursus de formation d'acteur ressortit du casse-tête en ce qui concerne le choix d'une partition dramatique comportant suffisamment de rôles équivalents et variés pour permettre à chacun de présenter ses moyens et son emploi de prédilection.
Pour la promotion 2010 de l'Académie-Ecole Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin dirigée par Pierre Pradinas dont il est le responsable pédagogique, le metteur en scène d'origine russe Anton Kouznetsov a contourné cette difficulté en puisant dans l'abondant thésaurus de nouvelles du Guy de Maupassant, écrivain contemporain de Tchekhov au demeurant très apprécié en Russie, qui, de surcroît a oeuvré dans quasiment tous les registres, du monologue au vaudeville en passant par le drame naturaliste et se prête à la théatralisation.
Il a ainsi composé une savante et judicieuse mosaïque avec des situations et des personnages qui sont, à la fois ancrés dans la société française de la fin du 19ème siècle dont Maupassant est un observateur aigu, notamment s'agissant de la critique de l'industrialisation et des moeurs bourgeoises, et universels par leur résonance avec ceux du théâtre russe de cette époque.
Dans une scénographie transparente et lumineuse de Giulio Lichtner, constituée d'une superposition, sur fond de cyclorama, de plans de rideaux mobiles en polycarbonate alvéolé utilisé pour les serres et vérandas qui permet aussi bien aussi bien les jeux de silhouettes et de lumières, ces dernières élaborées par Gérard Gillot, que le rythme des enchaînements, Anton Kouznetov a construit un spectacle éminemment choral particulièrement inventif, esthétique et réussi qui, avec une grande économie de moyens matériels - quelques accessoires suffisent - fait de chaque scène une véritable pépite.
Scandé par des intermèdes d'une grande fraîcheur constitués de danses et de chants polyphoniques en langue russe dont la direction a été assurée respectivement par Salem Hammadi et Tatiana Pykhonina, il mise, avec raison, sur la juvénilité et le jeu jubilatoire des interprètes qui transcendent la partition.
Car Yannis Bougeard, Denis Boyer, Amélie Esbelin, Laure-Hélène Favennec, Aurore James, Mathilde Monjanel, Aurélie Ruby et Thomas Visonneau, déjà vus en février 2011 au Nouveau Théâtre de Montreuil où ils étaient en contrat de professionnalisation, sous la direction de son ancienne directrice, Gilberte Tsaï qui les avait mis en scène dans "Le jeu de l'île", une compilation des trois opus ilééns de Marivaux, et Samuel Martin sont tous encore, avec bien évidemment chacun leur tempérament, dans cette dynamique euphorique du plaisir de jouer avec justesse et sans effets qui apporte une belle homogénéité à un spectacle de grande qualité. |