En cette période automnale de transition où l’on commence à privilégier le confort de la couette aux promenades ventées, il est temps de revenir sur le premier roman de Sam Christer (sous ce pseudonyme en tous cas) qui, comme l’annonce fièrement la première de couverture, est un best-seller en Angleterre.
L’objet est visuellement très travaillé mais suscite d’entrée la méfiance : trop de marketing tue le marketing ! Un groupe de vautours menaçants plane au dessus du profil universellement célèbre de l’ensemble mégalithique de Stonehenge (omniprésent d’ailleurs : sur la tranche en version miniature, au dos en version pleine lune) sur fond de coucher de soleil rouge sang et de lettres capitales enflammées, un faux sticker vante le succès chez nos voisins Britanniques et pour couronner le tout, une indication un peu équivoque annonce "un mystère de 5000 ans enfin révélé" !
L’ambiance s’alourdit encore sur les deuxième et troisième de couverture, tout d’abord par une jolie lettre manuscrite léchée par les flammes façon parchemin chargée d’introduire l’histoire en douceur puis par un énième message titillant notre curiosité "IL EST TEMPS DE CONNAITRE LA VERITE". Il ne manque plus que les figurines en plastique et un bon vieux disque mystico-synthétique façon Era pour parachever la mise en condition (package à réfléchir pour l’édition de Noël)…
Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas dans l’absolue légèreté mais dans un bon vieux Thriller ésotérique, s’engouffrant dans l’immense brèche ouverte par Dan Brown et son Da Vinci Code il y a huit ans déjà et déroulant tous les codes du genre. Décidément, le filon n’est pas prêt de se tarir : après le succès du Labyrinthe médiéval de Kate Mosse (qui prenait de jolies libertés avec l’histoire Cathare), c’est donc au tour du site Néolithique, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, d’abriter les agissements pas très catholiques d’une société secrète séculaire.
Quelques mots sur l’histoire, sans dévoiler trop l’intrigue : quelques jours avant le solstice d’été, un homme est sauvagement assassiné près du site antique de Stonehenge, lors d’une cérémonie qui ressemble fort à un sacrifice rituel. Peu de temps après, un célèbre et richissime chasseur de trésor, Nathaniel Chase, se suicide en laissant une lettre énigmatique à son fils Gidéon, archéologue de son état (Indiana Jones, quand tu nous tiens…) avec lequel il était brouillé depuis des années. Ce dernier, épaulé par une policière efficace et au caractère bien trempé, se lance tout naturellement à corps perdu dans l’aventure pour essayer de comprendre le geste de son père et va mettre rapidement le doigt dans un engrenage qui dépasse le cadre familial.
Le récit est rythmé, le suspens est bien présent et les chapitres se dévorent sans mal, mais contrairement à ses prédécesseurs, Sam Christer s’affranchit rapidement de toute base historique et nous entraîne dans une suite de rebondissements plus extravagants et improbables les uns que les autres, qu finissent même par nous décrocher quelques sourires. L’ambiguïté astucieuse entre réalité documentée et fiction, qui faisait le charme des œuvres de Dan Brown, est ici très vite abandonnée, le site de Stonehenge ne servant finalement que de décor luxueux à un récit tortueux.
Reste un bon roman de détente, à lire sans se faire de nœud au cerveau. |