Concert de Rodolphe Burger accompagné par les musiciens Mehdi Haddab, Julien Perraudeau et Yves Dormoy, et Rayess Bek et Ruth Rosenthal au chant.
Rodolphe Burger est un artiste atypique, on le savait depuis longtemps. Il est coutumier de le retrouver là où on ne l'attend a priori pas, et cette soirée ne fait pas exception à la règle. C'est donc au théâtre de l'Odéon que pour une représentation, il interprète l'adaptation du Cantique des Cantiques qu'il composa en 2001, pour Alain Bashung et sa compagne, Chloé Mons.
Rodolphe Burger a réadapté la partie musicale sur le texte traduit par Olivier Cadiot. La relecture du Cantique des Cantiques est ici mise en relief par un jeu à deux voix se répondant. Celle de Rodolphe Burger, belle et grave, répondant à celle de Ruth Rosenthal (moitié de Winter Family) récitant le texte en hébreu. La rigueur du texte biblique décrivant l'amour le plus pur, le plus majestueux, dont les métaphores usitées prennent ici un sens magnifié par la mise en musique. Le oud de Mehdi Haddab, dont la présence s'intensifie au fur et à mesure de l'interprétation, est bien évidemment un rappel oriental. En revanche, la guitare électrique discrète et les boucles électroniques d'Yves Dormoy éclairent le texte sous un nouvel angle. Le public est conquis par cette interprétation et ce sont des applaudissements soutenus qui accueilleront la fin de pièce musicale.
L'enchainement se fait sur un extrait du film de Jean-Luc Godard, Notre Musique. Tourné dans l'aéroport de Sarajevo, on peut y découvrir Mahmoud Darwich, interviewé par une étudiante israélienne, expliquant entre autre sa vision de la relation des peuples israéliens et arabes et l'importance de la poésie.
La représentation se poursuit par une création musicale autour d'un poème de Mahmoud Darwich, S'Envolent les Colombes, présenté comme une "réponse arabe" au Cantique dans le programme de la soirée. Le chanteur Rayess Bek a rejoint les musiciens sur la scène du théâtre pour réciter le texte dans sa langue originale, et le chanteur vivra pleinement son texte. Sa diction, tout en souffles, chuchotements et murmures, fera dresser les cheveux sur les têtes. Le télescopage des voix, des langues, quant à lui,  irradiera la salle. Les boucles musicales se mêleront aux boucles des mots, pour emporter la salle dans un tourbillon poétique. La musique se fera tour à tour omniprésente, discrète puis éclatante pour un final déchainé.
Déchainées seront les acclamations de la salle, lorsque les lumières viendront doucement faire atterrir un public revenu d'un long voyage musical. La pudeur certainement, le respect sans doute, empêcheront une standing ovation qui aurait été pleinement méritée, mais qui aurait été mal venue. |