Auteur dramatique prolixe et de renommée internationale, Israël Horovitz, écrivain, scénariste, metteur en scène et pédagogue, est le dramaturge américain vivant le plus joué en France, pays avec lequel il a noué depuis longtemps des liens étroits tant professionnels qu'amicaux.
Ainsi, vient-il régulièrement à Paris animer à la Fémis l'atelier d'écriture se déroulant dans le cadre d'un partenariat avec l'Université Columbia de New-York.
Ainsi, entre autres, était-il présent à la soirée exceptionnelle que lui consacrait le Théâtre Les Déchargeurs avec la représentation d'une de ses pièces culte "Le baiser de la veuve" le 19 octobre 2011, mois de la parution en France de son livre de mémoires intitulé "Un new-yorkais à Paris".
Un livre de mémoires davantage qu'une autobiographie au sens strict du terme, des mémoires qu'il qualifie de "morceaux choisis de sa mémoire", dans lequel
il use de sa plume déliée et aguerrie pour le structurer en près de 60 chapitres quasiment thématiques qui, certes, suivent globalement une ligne chronologique mais constituent en la forme de véritables nouvelles. Et de certaines péripéties de sa vie il a tiré l'intrigue de ses pièces.
Maniant habilement tant la confidence pudique que l'éloge de soi et des autres, les siens, ses proches et ses amis, il rappelle avec fierté le parcours d'un petit garçon juif qui n'est pas né dans la soie avec une cuillère d'argent dans la bouche mais dans une famille modeste où il était régulièrement battu par un père, chauffeur de camions, jaloux et violent.
De quoi écrire : "Je trouve que le trajet qu'elle (ma vie) a suivi est assez exceptionnel : de fils de chauffeur de camion à dramaturge" et que "(presque) tout est possible". A 18 ans il fait des petits boulots, suit des courts de théâtre et écrit sans relâche, pièces, scénarios, chansons, articles. Sa première pièce est créée à Boston en 1958, il a 19 ans. Il n'arrêtera plus, court après la reconnaissance ("Le fait est que je ne pense pas qu'on devienne célèbre sans courir après la gloire") et en 1968, il est un dramaturge reconnu.
Les années, un demi-siècle, sont ainsi passées en revue, traversées par des
rencontres majeures, celle de Ionesco et de Brecht, ceux qui allaient devenir des people croisées dans le Greenwich Village des années 60 où il s'établit comme ceux qui l'accueillent à Paris dans les années 68, les Anouilh, les fondateurs du Théâtre du Lucernaire, Christian Le Guillochet et son épouse Luce Berthommé,
et les petites compagnies françaises, telle la Compagnie Hercub, qui montent ses pièces.
Son implication aussi, car il n'est pas un auteur enfermé dans sa tour d'ivoire, dans des résidences d'artistes, des ateliers d'écriture, de collaborations avec des écoles de théâtre. Il fonde son théâtre, le Gloucester Stage Company et creé le New York Playwrights Lab pour les écrivains.
Et puis son oeuvre - il commente certaines pièces dont il espère qu'elles lui survivront - et sa famille, ses enfants - il a tremblé pour les deux plus jeunes scolarisés près des Twin Towers en 2001, moment d'effroi qu'il relate dans
un texte intitulé "Trois semaines après le paradis" qui a été porté à la scène par 2008 par Ladislas Chollet et interprété par Daniel San Pedro.
Avec la France il vit une belle et longue histoire d'amour. Et il a la courtoisie d'écrire, comme le ferait un gentleman à sa vielle maitresse : "Je me demande si je ne finirai pas ma vie en France. J'y suis heureux". |