Pour sa deuxième aventure, Mona Cabriole avait décidé d'explorer un quatrième arrondissement violent, noir, dur, dément. Elle y avait trouvé, entre flics ripoux, fachos ras du fronts et homos arty, une conscience cruelle des pressions sociales. Forte de son seul désarroi face aux communautarismes-piles et à leurs intolérances-faces, la jeune reporter s'y laissait emporter dans l'une de ses plus sanglantes aventures, entre Antony & the Johnsons et le Currrent 93 de David Tibet – autant dire : le grand écart pop-rock pour une oeuvre en clair-obscur.
En clair-obscur ? En rose et rouge-sang, plutôt. Les personnages, hauts en couleurs, prennent tous sous la plume de Thomas Hédouin un visage inquiétant, tout à la fois martyrs et victimes d'une folie qui semble remonter au plus sombre moyen-âge de l'un des quartiers les plus mystérieux de Paris : le Marais, au nom chargé d'images prophétiques, et qui prend ici des allures crépusculaires plus inquiétantes encore, comme s'il n'y faisait jamais jour ; comme si l'on attendait toujours un meurtre de plus, sans y pouvoir rien faire.
Obsédée par le chiffre quatre, omniprésent dans ces pages, l'intrigue est haletante, mystérieuse, brumeuse comme il se doit en ces sentes marécageuses. On sent presque le poids de la boue qui colle, avec une fatalité triste, aux talons des protagonistes de cette enquête-drame. Drôle de dame que cette si sexy Mona, qui trouve toujours à s'égarer dans les plus sombres histoires. Les lois du polar, miss Cabriole, les lois du polar le plus noir. |