Murielle Lucie Clément est un de ces personnages pour qui le coup de foudre n’est plus un mystère. Le sien s’est produit avec les Pays-Bas, probablement lors de l’un de ses voyages "documentaires", pendant lesquels elle collectait des informations pour écrire ses ouvrages sur la rencontre des cultures. Et paf ! Amsterdam lui a fait un clin d’œil approprié, elle s’y est installé, et en tire son dernier roman, La fabuleuse histoire d’Amsterdam et des Pays-Bas.
Comme postulat à son roman : les préjugés, la réputation d’Amsterdam en forme de doublette: moulins-tulipes contre prostitution-drogue. Et oui, cela dépend des gens, mais la plupart de ceux que j’ai rencontrés, qui ont souffert les kilomètres pour rejoindre la capitale des Pays-Bas, l’ont fait pour percer le mystère des bars à joints, avec la carte complète des résines légales, des cocktails d’opiacées, des feuilles parfumées… La totale donc. Ils ne m’ont rien dit à propos des bars à filles et de leur loupiotte rougeoyante aux coins des chaumières.
Et il y a les rêveurs, qui prétendent ne pas s’intéresser aux plaisirs vicieux mais aux plaisirs des yeux, des champs de tulipes, des moulins, du port d’Amsterdam qui sent la morue jusque dans le cœur des frites. Dans la même catégorie, je classe les utopistes qui plébiscitent le vélo qui ne pollue pas, et si nous en faisions autant ? Personnellement, à part dans la Beauce et en Picardie, je ne vois pas trop où le vélo peut être popularisé en France, dans ces villes aux dénivelés incroyables qui donnent une âme de Bryan Joubert au commun des mortels (sans les collants, mais avec les effroyables plats sur les fesses).
Mais Murielle Lucie Clément nous propose ce livre justement pour voir un peu plus loin que nos préjugés bornés, nous intéresser plus attentivement à ce peuple qui persiste à vouloir maîtriser Odin. Parce que les Pays-Bas ne se sont pas faits en un jour. C’était un pays colonisé par une poignée de nomades pêcheurs (d’où l’emplacement au plus près de l’embouchure), qui ont construit les premières maisons surélevées, qui ont inventé la digue, les canaux, les barrages, et tout l’art de dompter le géant des eaux. Malgré les inondations, malgré les tempêtes, malgré les destructions, malgré l’omniprésence de l’eau qui n’empêche pas des incendies de détruire la ville à plusieurs reprises au cours des siècles, les Amstellodamois n’ont jamais quitté ce petit coin choisi par trois pêcheurs et leurs filets.
Mais… il y a un mais : malgré sa richesse, ce livre manque cruellement d’âme, d’images, de couleurs, d’odeurs, de saveurs. Et quand l’auteure liste les artistes peintres Hollandais, Johannes Vermeer a éveillé la case "ciné" de mon cerveau et je suis allée chercher les couleurs du livre dans le film de Peter Webber, La jeune fille à la perle. Et là, la débandade a commencé : L’auberge Espagnole pour personnaliser Erasme, Mylène Farmer pour Van Gogh (qui s’est frité avec Gauguin), le journal local pour la légende de la jeune fille (sacrifiée ou assassinée ?) retrouvé intacte dans une tourbière, les images d’archives pour Maastricht…
Le livre n’est qu’une explication détaillée, des listes de dates, des listes de noms impossibles à retenir (normal, c’est du hollandais), j’ai révisé ma méthode de lecture à la syllabique pour les déchiffrer… C’est long et ennuyeux. Mais malgré tout ça, Murielle Lucie Clément réussit à nous transmettre sa passion pour ce pays, et on ne lâche le livre qu’à la fin, ne gardant que le meilleur : les quelques anecdotes, les deux légendes, des bulbes de tulipes entre les mains du féroce Gengis Khan, les miroirs des fenêtres pour épier les passants dans les rues… |