Spectacle conçu et mis en scène par Ezéquiel Garcia-Romeu, d’après les oeuvres de Shakespeare et Jan Kott, avec Christophe Avril, Ezéquiel Garcia-Romeu et Odile Sankara.

La conquête du pouvoir passe par la victoire sur les opposants et concurrents. Au temps où elle ne résultait pas des urnes et ne connaissait pas l'assassinat médiatique, l'élimination physique était le meilleur moyen d'y parvenir et le chemin qui menait au trône n'était pas semé de pétales de roses mais jonchée de cadavres.

Au théâtre, nul mieux que Shakespeare n'a, dans ses grandes tragédies noires, abordé ce mode opératoire que le critique et théoricien du théâtre Jan Kott qualifie de "nécessité du crime dans le mécanisme du pouvoir", nécessité qui avait déjà été décryptée par Suétone au premier siècle.

Ezéquiel Garcia-Romeu, maître-marionnettiste et artiste associe en résidence au Théâtre de la commune, a puisé dans les écrits de Jan Kott et le thésaurus shakespearien pour concevoir "Banquet Shakespeare", une brève - le spectacle dure à peine 50 minutes - partition textuelle ultra-minimaliste, à la limite de l'ésotérisme, pour évoquer ce fatal engrenage.

Partition qu'il a judicieusement confié Odile Sankara, comédienne charismatique aux riches modulations vocales, qui la reprend à son compte pour en restituer le sens caché et subjugue en s'adressant au public qui l'entoure, assis sur deux rangées qui encerclent la scène de jeu.

Cette belle femme noire, telle une déesse-mère africaine, matrice universelle, se tient dans la pénombre, assise près d'un dispositif circulaire de bois noir s'incurvant en cratère, symbole du théâtre rond cher au dramaturge anglais.

De ce dispositif surgiront de manière sporadique quelques minuscules marionnettes, parfois à peine ébauchées, manipulées par Ezéquiel Garcia-Romeu et Laurent Caillon. Et là, même si l'esthétisme du rien est au rendez-vous, est au rendez-vous, le spectacle déçoit par le peu qu'il donne à voir, un peu qui de surcroit ne sert que d'illustration au texte.

A voir pour Odile Sankara, magnétique.