Comédie document-fiction de Philippe Ponty, mise en scène de Marie-Pierre Besanger, avec Alexey Blajenov, Hélène François, Ibrahime Diabaté, Hamid Djan et Aziz Maroki.
La Maison des Metallos l'avait imaginé, Marie-Pierre Bésanger l'a fait : elle s'est immergée pendant 18 mois dans Belleville afin de prendre le pouls de ce quartier multiforme, ville dans la ville.
Elle est allé à la rencontre des habitants, travailleurs, militants associatifs, ou simples passants et a collecté leurs témoignages en s'intéressant particulièrement aux parcours de ceux qui errent ou ont erré avant de poser leurs valises, nombreux dans ce voisinage.
De ses pérégrinations est né un spectacle, "Cependant tout arrive" qui rapporte la vie morcelée de ces immigrants de première, deuxième ou troisième génération, mais également de leur rencontre avec la France, et ses institutions qui peinent à s'adapter aux individus et des espoirs déçus, d'un côté comme de l'autre.
Le spectacle est fondé sur la rencontre de deux personnages, Lyse (Hélène François), travailleuse sociale engagée qui a choisi Belleville pour donner du sens à sa vie et Mario (Alexey Blajenov), exilé qui cherche une place. Autour d'eux, gravitent des figures (Ibrahime Diabaté, Hamid Jan et Aziz Maroki), simples témoins ou empêcheur de tourner en rond, qui interviennent, commentent, témoignent également.
A l'image de la vie de ces gens, faite de ruptures et de hasards qui forment un parcours, une histoire, Marie-Pierre Bésanger a fait le choix de découper la pièce en séquences, jouées chaque soir dans un ordre différent.
Les comédiens mis devant le fait accompli sont obligés de composer et le spectateur, découvre à chaque nouvelle scène, un éclairage nouveau sur un propos ou une réaction qui a pu avoir lieu précédemment. Elle crée ainsi une urgence dans le jeu et prend en otage les spectateurs en en faisant les jouets d'un hasard omniprésent.
A l'interprétation des comédiens, s'ajoute la diffusion sonore des témoignages récoltés, qui viennent appuyer ou éclairer ce qui se passe sur scène.
Si la démarche est intéressante, et l'idée de morcèlement de la chronologie particulièrement pertinente pour le sujet, il manque cependant un liant fort permettant de construire un propos clair et audible. Les personnages de Lyse et Mario, qui devraient jouer ce rôle, se diluent au milieu du bruit diffus qui les entoure. Au final tout semble en suspend, à l'image de la vie de ces gens qui peuplent Belleville.
Néanmoins, ce spectacle, écrit plus sous forme de témoignage que de manifeste, aborde de nombreux sujets d'actualité et apporte un éclairage intéressant sur la ville qu'il décrit, remettant par la même au goût du jour des valeurs d'actualité comme la proximité, le local, l'écoute et le dialogue. |