Daniel
Béjar, sous le nom improbable de Destroyer,
nous avait offert un bien bel album l'année dernière
avec This Night, tout comme l'était
celui d'avant, Streethawk. Ce membre
dilletant des très rock The new pornographers
revient cette année avec Your blues, album chaleureux et
extrêmement abouti .
Si les qualités de Your Blues
méritent d'être soulignées, il a de quoi en
surprendre plus d'un. De tendance pop, les chansons de Destroyer
ne se laissent que très modérément enfermer
dans le carcan couplet-refrain auquel nous pourrions nous attendre.
Mais après un court temps d'adaptation, les morceaux nous
ouvrent leur univers créé par Béjar et nous
naviguons dans ce disque de surprises en émerveillements
!
Tout commence par "Notorious lightning"
que l'on croirait tout droit sorti de la bande son d'un film de
Tim Burton, au hasard "L'étrange
noêl de Monsieur Jack" chanté par David
Bowie. Car les chansons de Destroyer sont autant d'ambiances, de
court métrages sonores, des contes pour les grands enfants
que nous sommes.
Sinon exceptionnelle, la voix de Béjar est remarquable
et atypique, douce et chaleureuse mais aussi aux intonations très
théâtrales. Elle se mêle parfaitement aux arrangements
au cordeau des violons, bois et autres bricolages électroniques.
La pop baroque et ciselée de Destroyer n'est pas sans rappeler
le travail d'orfèvre de Paddy mc Aloon
et ses Prefab sprout, notamment sur
"The music lovers".
A la fois désuet et hors mode, ce disque renoue avec le
glam rock le plus exubérant et la pop anglaise la plus intimiste…
à moins que ce ne soit le contraire…
Your Blues confirme en tout cas que Streethawk et This night n'étaient
pas des accidents de parcours et que Daniel Béjar mérite
sa place au panthéon des songwriters de talent sous estimés.
Il va sans dire que ce disque est bien entendu tout autant indispensable
que ses grands frères.
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