Comédie de Bruno Chapelle et Marie-Aline Thomassin, mise en scène par Thierry Atlan, avec Bruno Chapelle, Marie-Aline Thomassin et Pascale Michaud.
Par les temps qui courent difficile pour une jeune quadra, même si elle n'a pas dépassé la date de préemption, de retenir l'attention d'un homme, surtout quand elle croît encore au prince charmant, pour arriver au moins jusqu'au rendez-vous galant.
Carole a semble-t-il décroché le gros lot inespéré avec un séduisant italien carrossé comme une Ferrari pour qui elle a mis les petits plats dans les grands.
Mais la soirée vire au cauchemar avec les arrivées successives de sa copine, superglu certifiée et pique-assiette patentée qui vient de se faire larguer pour la énième fois, et de son ex qui n'ayant rien à faire de sa soirée prend ses quartiers dans l'appartement. Tous deux, mus par une jalousie de mauvaise aloi face à son enthousiasme, entendent bien - et s'y entendent - lui pourrir la vie et, le joli coeur se faisant attendre, le tête-à-tête amoureux vire au trio en délire, les trois faisant la paire. Telle est la trame de "J'adore l'amour... j'aimerai bien le refaire un jour", titre délicieusement mélancolique pour une comédie épatante et réussie.
Ecrite à quatre mains par Marie-Aline Thomassin et Bruno Chapelle, elle aborde, de façon humoristique et un peu douce-amère, le désarroi existentiel et de désert affectif de quadras célibataires sans enfants qui, en l'occurrence, affleurent souvent sous une myriade de quiproquos et de petits règlements de compte entre amis.
Sur scène, sous la direction efficace de Thierry Atlan, le trio fonctionne parfaitement, avec démarrage au quart de tour et départ en vrille assuré, car les comédiens, aguerris au genre et qui, par ailleurs, se connaissant bien pour avoir déjà sévi de concert, jouent choralement dans le même registre, ce qui participe également à la mécanique primordiale du rire,
et, dotés de partitions sur mesure, manifestent une énergie roborative.
Pascale Michaud, jolie blonde aux yeux bleus attifée comme un sac, vaguement grunge baba pas cool, est irrésistible en looseuse dépressive, qui enquille les hommes tous plus improbables les uns que les autres dans une sorte de frénésie de l'échec assuré, et spécialiste de l'incruste qui joue avec une fausse naïveté les coucous même dans la chambre à coucher.
Bruno Chapelle est parfait dans le rôle du mec basique tendance "français moyen un peu beauf qui se la pète", il est scénariste pour la télé, qui rêve de poser ses valises, peu importe avec qui au demeurant, et se retrouve arroseur arrosé.
Quant à Marie-Aline Thomassin, pétulante et désopilante, elle campe, avec efficacité et un vrai sens comique, la "victime" de ces minables écornifleurs et la femme au bord de la crise de nerfs sauvée par le sens de l'humour et de l'autodérision ainsi que la vodka cul-sec. |