Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce La dame aux camélias
Théâtre National de l'Odéon  (Paris)  janvier 2012

Spectacle conçu et mis en scène par Frank Castorf d'après l'œuvre éponyme de Alexandre Dumas fils, Heiner Muller et Georges Bataille, avec Jeanne Balibar, Jean-Damien Barbin, Vladislav Galard, Sir Henry, Anabel Lopez, Ruth Rosenfeld et Claire Sermonne.

Le sexagénaire Frank Castorf, directeur artistique, depuis 1992, de la remuante Volksbühne de Berlin, est simultanément un grand enfant, un farceur potache qui aime jouer les dramaturges apprentis sorciers avec sa mallette de petit chimiste reçu en cadeau de Noël, un éternel idéaliste nourri au lait de l'actionnisme des seventies qui laisse toujours flotter, sait-on jamais, le drapeau noir au dessus de la marmite dans l'attente du fameux et utopique grand soir même s'il ressortit désormais davantage au linceul d'une impossible révolution et, comme tous les créateurs, un monomaniaque, obsessionnel en la forme, qui raconte toujours la même histoire et finit par s'autoplagier, faisant du Castorf.

Et il aime mixer la plume bourgeoise des Dumas et la veine anarchiste de Heiner Muller. Après "Kean ou Désordre et Génie", voici "La dame aux camélias" où il combine le mélo éponyme de Alexandre Dumas fils avec le théâtre de la révolution de Heiner Muller via "La mission".

Et comme, dans le théâtre du chaos, abondance de biens ne nuit pas, le triolisme c'est encore mieux, voilà le surréaliste Georges Bataille qui se joint à la partie fine pour saupoudrer le tout de l'érotisme frénétique de son "Histoire de l'oeil".

Le cocktail tant textuel que dramaturgique est détonant et l'effet shaker est également appliqué aux comédiens, dont le corps est parsemés d'hématomes. Car le théâtre de Castorf n'est pas un théâtre de salon mais un théâtre convulsif qui malmène au sens propre comme au sens figuré, et sans doute autant l'acteur que le spectateur.

Transe, délire ou maîtrise habilement masquée, la partition se déroule dans un décor janusien sur tournette de Aleksandar Denic, derrière une construction précaire et misérabiliste de chiffonnier style bidonville, un espace loft plexi et néons quasiment vide, le tout sous l'égide d'une gigantesque enseigne ("Anus Mundis - Global Network") satire potache comme le panneau publicitaire à lamelles (l'accolade Kadhafi-Berlusconi sous-titrée "Niagra - Forza Forever" et "Europe sans frontières" illustrée par Hitler et Franco défilant côte-à-côte).

Dans une vraie cage à poule(s), en robe de cocktail, stilettos et parure strassée, Marguerite Gauthier qui a déjà craché ses poumons en back stage, agonise en vagissant à la fois comme une nymphomane et une parturiente pendant que le bel Armand, à l'appareil digestif délicat, se vide par le haut et par le bas avant de se prendre pour Norman Bates et que le narrateur, l'auteur Dumas fils himself, prépare la recette de suprême de poulet, léguée par papa, pour crooner "Les feuilles mortes"mieux que Montand.

Dans la première partie d'un spectacle qui dure plus de trois heures, Frank Castorf tisse les résonances entre les textes de Dumas fils et Heiner Muller de manière presque didactique, certes un didactisme échevelé qui lui est propre, à partir de l'archétype de la courtisane, par essence subversive et cependant canalisée par l'ordre bourgeois, pour une mise en parallèle de la prostitution et de la trahison des idéaux.

Dans la seconde, n'y tenant plus, il enfourche un de ses deux chevaux de bataille qu'est la vidéo pour filmer les comédiens jouant hors du champ visuel des spectateurs et entrer dans le vif du sujet, la révolution, sur fond d'ébats pseudo-sexuels des amants dumassiens. Ce qui donne l'occasion d'entendre des extraits puissants de "La mission".

Le spectacle égare et s'égare parfois mais fascine toujours, même ceux des spectateurs qui veulent quitter la salle mais, comme la vierge effarouchée, restent "pour voir jusqu'où ils iront". Comme pour un puzzle, il faut attendre la dernière scène pour que l'image fasse sens.

La partition est portée par une distribution émérite qui est emportée par ce maelstrom scénique. Côté masculin, sans oublier les apparitions de l'allemand Sir Henry en diablotin fetish latex, Jean-Damien Barbin, qui part en vrille dès la première scène, et Vladislav Galard.

Pour la gent féminine, de jeunes belles et époustouflantes actrices, la belge Anabel Lopez, remarquable notamment dans le rôle de l'esclave haïtien, la soprano américaine Ruth Rosenfeld et la franco-russe Claire Sermonne, qui incarne l'infortunée Marguerite.

Et puis, Jeanne Balibar. Que ce soit en mère possessive déambulant avec un sex toy ou en révolutionnaire fêlon, toujours impériale, même quand elle dévale un escalier sur les fesses, elle traverse le spectacle avec grâce.

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=